L’arrestation de Boualem Sansal à Alger résonne comme un coup de tonnerre. Cet écrivain de 75 ans, reconnu pour son courage intellectuel et son engagement intransigeant en faveur de la liberté de pensée, se retrouve à nouveau pris dans les filets d’un système qu’il n’a eu de cesse de dénoncer. L’homme, qui a choisi l’écriture comme arme contre les dogmes et la censure, incarne aujourd’hui le symbole vivant de la résistance à l’oppression.
Depuis son premier roman, Le Serment des barbares (1999), Boualem Sansal a défié les lignes rouges du pouvoir algérien et celles des extrémismes religieux. À travers une prose incisive, il a su mettre à nu les maux de son pays, entre corruption, violence politique et montée de l’islamisme. Pourtant, il n’a jamais cédé à la peur, même lorsque ses livres étaient bannis, même lorsque les menaces se faisaient plus pressantes.
Il aurait pu choisir l’exil, comme tant d’autres avant lui. Mais il a préféré rester, par fidélité à sa terre natale, à ses idéaux. Boualem Sansal, c’est cette voix qui refuse de se taire, un cri d’humanité dans un désert d’autoritarisme.
Son arrestation, survenue dans des circonstances troubles, soulève une question fondamentale. Jusqu’où un pouvoir peut-il aller pour museler une voix dissidente ? Depuis plusieurs jours, Boualem Sansal est retenu à Alger sans explication. Ce mutisme des autorités ne fait qu’alourdir le soupçon. Celui d’une persécution ciblée contre un homme dont la seule arme est la pensée.
À l’heure où la liberté d’expression est mise à mal dans nombre de régions du monde, le cas de Boualem Sansal dépasse les frontières algériennes. Il interroge sur notre capacité collective à protéger ceux qui osent encore parler, écrire, penser différemment.
Une cause universelle
L’inquiétude exprimée par des personnalités comme Emmanuel Macron ou Édouard Philippe montre que Boualem Sansal est bien plus qu’un écrivain algérien naturalisé français. Il est un humaniste dont les combats résonnent universellement. Dans un monde où l’on banalise parfois l’oppression sous prétexte de réalités géopolitiques, soutenir Boualem Sansal, c’est refuser la résignation.
Son œuvre, profondément enracinée dans la quête de justice et de vérité, nous rappelle que l’écriture peut être un acte de courage. Mais elle nous pose aussi une question essentielle : que faisons-nous, nous qui vivons dans des démocraties, pour défendre ceux dont la liberté est menacée ailleurs ?
Un cri pour la liberté
Boualem Sansal n’est pas seulement un écrivain, il est une conscience. Son arrestation est une alerte que nous ne pouvons ignorer. Le soutenir aujourd’hui, c’est défendre cette part d’humanité qui refuse de plier face à la censure.
Peut-être que le véritable hommage à lui rendre ne se limite pas à réclamer sa libération, mais consiste à porter haut et fort les valeurs qu’il incarne. La liberté, le courage et la vérité. Si la plume de Boualem Sansal est momentanément suspendue, son message, lui, ne doit pas l’être. À nous de le relayer.