Au terme d’une finale de 4h42 qui a tenu toutes ses promesses, Carlos Alcaraz a pris le dessus sur Novak Djokovic en cinq sets (1-6, 7-6 [6], 6-1, 3-6, 6-4), dimanche, en finale de Wimbledon. L’Espagnol de 20 ans, numéro 1 mondial, s’est adjugé son deuxième Grand Chelem après l’US Open 2022.
C’est sur ce gazon de Wimbledon qu’il aime tant, au point d’en grignoter quelques brins après chaque sacre (sept fois, donc) que Novak Djokovic a vu ses espoirs de Grand Chelem calendaire disparaître.
Pas de suspense à New York dans quelques semaines, ce n’est pas encore cette année que le Serbe rejoindra Rod Laver. La faute à celui qui, du haut de ses 20 ans, s’impose un peu plus à chaque tournoi comme le futur très grand du tennis mondial pour les années à venir, à savoir Carlos Alcaraz.
Grand du tennis, le jeune Espagnol l’est déjà. N°1 mondial, détenteur d’un titre en Grand Chelem (US Open 2022), il peut déjà s’enorgueillir d’un palmarès généreux. Mais il y a des étapes à franchir pour devenir un très grand de son sport.
Battre Novak Djokovic en finale de Wimbledon en est une. Le gamin d’El Palmar a coché la case, et de bien belle manière. Il n’était pourtant pas facile de détacher un réel favori avant cette finale. Alcaraz avait beau briller de mille feux, son expérience (un titre au Queen’s cette année) risquait de peser léger face à celle accumulée par Djokovic (23 titres du Grand Chelem, dont 7 à Wimbledon).
Djokovic écrase le premier set
De fait, le début de match était à sens unique. La dernière fois que ces deux géants du tennis s’étaient affrontés, en demi-finales de Roland-Garros au printemps, l’Espagnol n’avait été que l’ombre de lui-même, paralysé par des crampes inhérentes à la pression que représente le simple fait d’affronter Djokovic en Grand Chelem. « Carlitos » ne semblait guère plus fringant.
Même s’il s’était procuré une balle de break dès le premier jeu, il se montrait trop tendre. Et c’était lui qui se faisait breaker dès le jeu suivant. Implacable, clinique, Djokovic allait se détacher 5-0. Alcaraz en était réduit à jouer les lignes pour remporter son premier jeu. Djokovic était le patron sur le court et la finale, après ce premier set, était loin de tenir ses promesses.
Fin de série pour Djokovic
Mais Alcaraz n’est pas du genre à s’effondrer après un premier set perdu, quand bien même il le serait face à Djokovic en finale de Wimbledon. Profitant d’une panne de premières balles chez Djokovic, l’Espagnol faisait le break à sa première occasion (2-0). Mais si le Serbe peinait au service, Alcaraz recommençait à offrir des cadeaux. Une nouvelle faute en coup droit offrait le débreak à Djokovic.
S’il restait au contact, Alcaraz semblait un peu perdu sur le court, sans vrai plan de jeu. Il lâchait bien quelques pétards, mais tout cela ressemblait à du jeu au petit bonheur la chance. Malgré tout, il s’accrochait pour pousser Djokovic au tie-break, un exercice où il est passé maître en Grand Chelem en étant sur une série de 15 jeux décisifs remportés de rang. Il se détachait rapidement 3-0, mais allait se faire rejoindre. Surtout, Djokovic allait commettre dans ce tie-break ses deux premières fautes en revers. Au plus mauvais moment car elles allaient permettre à Alcaraz d’avoir une balle de set qu’il allait convertir d’un superbe retour gagnant.
Un jeu de 26 minutes
Mais le meilleur était à venir dans un troisième set où le niveau s’est élevé à des niveaux qu’on n’atteint pas toutes les semaines sur le circuit. Notamment dans un cinquième jeu long de 26 minutes où Alcaraz aura dû attendre sa septième balle de break avant de se détacher 4-1. Un jeu où les deux hommes se sont rendus coup pour coup, donnant parfois l’impression d’inventer des coups pour le plus grand plaisir du public du Centre court. Sur sa lancée, complètement métamorphosé, Alcaraz signait un double break et passait devant en prenant ce troisième set.
Alcaraz n’arrive pas à fermer la porte
Le match avait vraiment changé de dynamique. Djokovic semblait gêné par sa cuisse gauche. En perte de lucidité, il arrêtait un point sur une balle, juste devant lui, qu’il jugeait faute alors que la vidéo lui donnait tort. Sur le point suivant, il chutait lourdement sur un contre-pied. Toujours dans le même jeu, il devait ensuite sauver deux balles de break. Il s’en sortait pour revenir à 1-1. Et ce jeu compliqué l’avait peut-être sorti de sa spirale négative. Djokovic arrachait un break pour mener 3-2. Moins brillant, Alcaraz lâchait le quatrième set sur une vilaine double faute. Il était temps pour ce que tout le monde attendait secrètement, un cinquième set.
Le spectacle était au rendez-vous avec des balles de break dans tous les jeux. Alcaraz sauvait la sienne en faisant montre de sa science de la défense et de son déplacement sur gazon, au terme d’un échange à 17 coups de raquette. Le troisième jeu allait marquer le tournant du set, avec un break d’Alcaraz suite à un nouveau passing gagnant alors que Djokovic avait glissé durant l’échange (2-1). Fou de rage, Djokovic en fracassait sa raquette sur le poteau de filet. LE break était confirmé blanc et Djokovic n’allait plus pouvoir revenir. Dans ce dernier set, Alcaraz finissait en trombe avec 18 coups gagnants pour seulement 3 à Djokovic. Largement suffisant pour permettre à Carlos Alcaraz de soulever son deuxième trophée du Grand Chelem en autant de finales. Le futur ressemble à un gamin de 20 ans au sourire d’ange. Qui s’en plaindra ?