Il y a 20 ans, le 24 octobre 2003, le Concorde posait ses ailes une dernière fois. L’avion supersonique franco-britannique a laissé une trace indélébile dans l’aviation civile, entre vitesse, grosse consommation et drame. La preuve en chiffres.
Le Concorde méritait bien son statut d’appareil supersonique. Il avait en effet une vitesse de croisière maximale d’environ 2.200 km/h, 1,8 fois supérieure à la vitesse du son (qui est environ 1.200 km/h). Et lorsqu’il poussait ses moteurs à fond, il atteignait même les 2.400 km/h. Par comparaison, aujourd’hui, l’Airbus A380 se déplace à une vitesse de croisière d’environ 900 km/h, soit 2,4 fois moins vite que le Concorde.
Grâce à sa célérité, le «grand oiseau blanc» permettait à sa centaine de passagers de relier Paris à New York en 3 heures 30, contre environ 8 heures aujourd’hui. Un voyage express qui avait cependant un coût : 8.000 euros minimum pour un aller-retour en 2003, lors sa mise hors service (contre quelque 4.500 euros au milieu des années 90).
119,4 décibels au décollage
Les autorités américaines ont, en 1977, mesuré à 119,4 décibels le bruit émis par le Concorde lors d’un décollage à Washington. Un niveau sonore équivalent à celui d’un coup de tonnerre, et supérieur au seuil de douleur auditive chez l’homme (qui se situe à environ 110 décibels). D’où les polémiques qui ont durablement accompagné cet oiseau particulièrement bruyant.
20 tonnes de kérosène par heure de vol
Les quatre réacteurs Rolls-Royce/Snecma Olympus 593 du Concorde étaient puissants, mais aussi très gourmands. Ainsi, l’appareil consommait près de 20 tonnes de kérosène par heure de vol. Rien qu’au décollage, il brûlait chaque minute 450 litres de carburant. La consommation par passager était ainsi estimée à 14 litres pour 100 kilomètres parcourus, un total trois à quatre fois supérieur à celui d’un avion de ligne actuel (l’Airbus A380 est à 2,9). Des chiffres à relativiser : le Concorde a été conçu dans les années 1960, avant les chocs pétroliers.
Malgré le froid (- 57 °C) régnant à son altitude de croisière (entre 16 000 et 18 000 mètres), le Concorde engendrait une chaleur extrêmement intense en raison de sa vitesse supersonique. Son métal pouvait ainsi atteindre les 120 °C, provoquant un allongement de son fuselage d’environ 20 cm, dû à la dilatation des matériaux composant l’appareil.
Deux compagnies concernées
Preuve de la rareté du Concorde, seules deux compagnies aériennes l’ont exploité : Air France et British Airways. Leurs vols inauguraux reliaient respectivement Paris à Rio de Janeiro via Dakar et Londres à Bahreïn, tous les deux le 21 janvier 1976. Les deux avions ont même décollé dans la même seconde. Tout au long de sa carrière, longue de 28 ans et achevée trois ans après le crash de Gonesse (Val d’Oise) le 25 juillet 2000, le Concorde n’a jamais connu d’autres couleurs.
14 appareils en service
Les concepteurs de l’avion fuselé franco-britannique espéraient en vendre plus d’une centaine d’exemplaires. Mais le supersonique, notamment contesté par les Américains, n’a pas réussi à séduire comme il le voulait. Finalement, seuls 14 appareils ont été exploités entre 1976 et 2003 : sept par Air France et sept par British Airways.