Le prochain gouvernement hérite d’une situation explosive. La crise agricole, loin de s’apaiser, continue de s’aggraver. Les agriculteurs, soutenus par leurs syndicats, persistent à réclamer de meilleurs revenus et dénoncent une loi EGALIM qui reste largement inappliquée. À cela s’ajoute la transposition des normes européennes, jugée inapplicable sur le terrain. En Bretagne, comme ailleurs, le malaise grandit.
Les dossiers sont augmentés et il n’y a jamais rien. Comment voulez-vous que ça ne fâche pas ? Ça va péter ! » s’exclame un agriculteur retraité. Un cri d’alarme qui témoigne de l’exaspération croissante dans les campagnes françaises, où les difficultés n’ont jamais semblé aussi complexes.
Les marais du Mont-Saint-Michel sont également au cœur des préoccupations. La transposition des normes européennes y est perçue comme une « prise de tête intense », incapable de prendre en compte les réalités locales. Les tensions montent aussi parmi les éleveurs, à l’instar d’Antonin Joux, un éleveur laitier en colère, qui s’inquiète pour l’avenir de son exploitation.
« L’année prochaine, je veux faire du maïs. Est-ce que je peux le faire ou non ? Tout le monde se renvoie la balle, mais ça devient ingérable. S’il faut retourner se mobiliser, on n’a pas peur », explique Antonin Joux. Il est clair que l’incertitude persiste, laissant les agriculteurs dans un flou juridique et administratif total. « On dit que nous allons être mieux entendus, mais aujourd’hui, on se rend compte qu’on n’est pas entendus du tout. Quelle route faut-il prendre pour être entendu ? » s’interroge-t-il, la voix tremblante de colère.
La question d’un retour des mobilisations se pose de plus en plus. Cyrille Herbert, propriétaire d’une ferme laitière et coprésident des Jeunes Agriculteurs d’Ille-et-Vilaine, ne cache plus son inquiétude face à la situation. « Ça peut être la crainte. Alors, je me trompe peut-être, mais vu comment la pression est dans les campagnes, avec l’effet de groupe, ça peut partir très vite », confie-t-il. Avec des prix du lait qui fluctuent fortement cet été et des moissons décevantes, la fin d’année s’annonce « tendue et compliquée » pour de nombreux agriculteurs.
Pour l’instant, le scénario d’une mobilisation de masse est partiellement écarté. Cyrille Herbert, qui a déjà mené des actions de protestation avec ses pairs, choisit de temporiser. Il mise sur les paroles rassurantes du Premier ministre Michel Barnier, qui a récemment exprimé son soutien à l’agriculture. Mais pour combien de temps ?