Près de deux mois après le second tour des législatives, le suspense reste entier quant à la nomination d’un nouveau Premier ministre à Matignon. Emmanuel Macron, qui semblait prêt à choisir Xavier Bertrand comme chef du gouvernement, a finalement fait marche arrière. Le président de la République explore désormais d’autres pistes, dont celle de l’ex-commissaire européen de droite Michel Barnier, mais se heurte à une impasse politique qui nourrit la rumeur d’un départ anticipé de l’Élysée.
Depuis le début de l’été, Emmanuel Macron peine à trouver une personnalité capable de diriger un gouvernement de plein exercice sans risquer une motion de censure. Ses deux pistes privilégiées, Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve, rencontrent une forte opposition, notamment à gauche et au sein de certains alliés potentiels. Le cap des 50 jours sans gouvernement est désormais franchi, et les spéculations se multiplient sur une possible fin prématurée du mandat du président de la République.
En tardant à désigner un successeur à Élisabeth Borne, le chef de l’Etat dévoile la complexité de la situation. Cette hésitation commence à fragiliser son autorité et à installer l’idée d’une incapacité à gouverner, une hypothèse qui gagne du terrain. La gauche, notamment les députés insoumis et écologistes, s’est emparée de cette question, allant jusqu’à déposer une motion de destitution. Bien que cette procédure n’ait que peu de chances d’aboutir, elle cristallise les doutes autour de la solidité du pouvoir exécutif.
La prise de position d’Édouard Philippe, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, ne fait qu’accentuer cette pression. Ce dernier a récemment déclaré qu’il serait prêt à se lancer en cas de présidentielle anticipée, un message qui, s’il se voulait un signal de soutien, contribue malgré tout à renforcer l’hypothèse d’un départ anticipé du président.
Dans les cercles proches du président, cette rumeur est perçue comme un affront, une « tentative de déstabilisation ». Pourtant, l’idée semble s’installer. Le silence prolongé sur la question du Premier ministre, combiné à la montée des tensions politiques, alimente les doutes parmi les soutiens de la première heure d’Emmanuel Macron. À mesure que le temps passe sans qu’une décision claire ne soit prise, la situation devient de plus en plus intenable.
Le locataire de l’Élysée, conscient des risques politiques, semble aujourd’hui face à un dilemme cornélien : maintenir le cap au risque de voir sa majorité exploser ou bien céder à la pression en proposant une figure de compromis susceptible de recueillir un consensus plus large, mais au prix d’un affaiblissement de son projet politique.
Avec une opposition de plus en plus déterminée et des alliés qui commencent à douter, Emmanuel Macron se retrouve dans une situation où chaque jour sans décision renforce l’idée d’une perte de contrôle. Au-delà des spéculations sur son départ, la crise actuelle révèle surtout un exécutif à la croisée des chemins, où chaque choix comporte son lot de périls.