Une découverte scientifique exceptionnelle a été annoncée ces derniers jours : des colonies du corail rouge Errina antarctica ont été identifiées dans les eaux glacées du détroit de Magellan, dans la réserve nationale de Kawésqar. Cette zone, située à l’extrême sud de la Patagonie chilienne, devient ainsi le point le plus méridional et le moins profond où ce type de corail a jamais été observé.
La découverte, réalisée par des chercheurs de la fondation Rewilding Chile et de l’Institut espagnol d’océanographie, a été documentée dans la revue Nature’s Scientific Reports fin avril et rendue publique à la veille de la Journée mondiale des océans, célébrée le 8 juin dernier.
L’exploration sous-marine, effectuée entre 2021 et 2023, a mobilisé des plongeurs et des robots pour sonder les profondeurs du détroit de Magellan, allant de 1,3 mètre à 47 mètres. Ingrid Espinoza, coauteur de l’étude et directrice de conservation de Rewilding Chile, a souligné l’urgence de protéger ces coraux, actuellement dans un état de conservation vulnérable au Chili.
Il est nécessaire de les protéger, de les conserver et de chercher des moyens de les gérer pour qu’ils continuent à vivre longtemps
a déclaré Ingrid Espinoza.
Cette étude met en lumière le manque de données disponibles sur les forêts marines animales des eaux patagoniennes. « Cette région reste l’une des régions marines les moins connues et les moins bien comprises du monde », indique le rapport. La découverte des colonies d’Errina antarctica dans une zone aussi reculée et inexplorée est donc d’une importance capitale pour la science marine.
Les coraux rouges du détroit de Magellan sont particulièrement menacés par les activités humaines telles que l’élevage de saumon, le changement climatique et la pollution des océans. Ces petits animaux, appelés polypes, forment des colonies avec un squelette commun et jouent un rôle décisif en tant que « sentinelles des impacts et perturbations environnementales », a rappelé Ingrid Espinoza.
Les récifs coralliens, bien que ne représentant que 0,1 % des fonds marins mondiaux, sont parmi les écosystèmes les plus riches en biodiversité. Leur importance écologique a été reconnue par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui les classe parmi les écosystèmes les plus diversifiés de la planète.