S’il fallait décerner un prix pour l’irresponsabilité politique en gestion budgétaire, la France aurait trouvé ses champions. Bruno Le Maire, Gabriel Attal, Elisabeth Borne, et bien sûr Emmanuel Macron. Une dream team de l’attentisme et de la navigation à vue, désormais épinglée par la commission sénatoriale des finances. Le déficit public explose ? Pas de panique. Chacun se renvoie la patate chaude, avec des arguments dignes d’une cour de récréation.
6,1 % du PIB. Voilà le trou béant qui engloutira nos finances en 2024. Un gouffre qui aurait pu être évité, selon le rapport sénatorial, si le gouvernement avait pris les devants. Mais non. Prévenir ou agir, ce sont des mots qui n’existent pas dans le vocabulaire de nos dirigeants. Ils ont préféré attendre, espérer que tout s’arrange comme par magie, puis détourner le regard quand les mauvaises nouvelles se sont accumulées.
Bruno Le Maire, champion de la rigueur autoproclamé, apparaît comme le maître d’orchestre de cette cacophonie budgétaire. En coulisses, il admet que la situation est critique, propose des mesures qui ne verront jamais le jour, puis revient face aux caméras pour claironner que tout va bien. Un double discours si flagrant qu’il pourrait presque faire sourire, s’il ne coûtait pas des milliards au pays.
Son plus beau numéro ? Rejeter les accusations des sénateurs en affirmant que le dérapage du déficit est « le choix du gouvernement actuel ». Comme si, après sept ans passés à Bercy, il n’avait aucune part de responsabilité. Une mémoire sélective digne d’un tour de passe-passe.
Borne et Macron, le déni jusqu’à l’absurde
Elisabeth Borne, elle, a préféré prioriser des dossiers politiques « plus urgents » que sauver les finances publiques. C’est vrai que trouver un compromis sur le projet de loi immigration, voilà une urgence de premier ordre face à un déficit qui enfle à vue d’œil. Pendant ce temps, Emmanuel Macron, fidèle à son rôle de stratège électoral, a balayé d’un revers de main l’idée d’une loi de finances rectificative, pourtant indispensable pour limiter la casse. Pourquoi ? Parce que prendre des décisions difficiles avant les élections européennes, c’est risqué. Résultat ? On repousse les problèmes à demain, comme si demain n’existait pas.
Un Parlement méprisé
Ce gouvernement a aussi brillé par son mépris du Parlement. Les élus auraient pu jouer un rôle, débattre, amender, proposer des solutions. Mais pourquoi s’embarrasser de démocratie quand on peut passer en force avec l’article 49.3 ? Une méthode qui réduit les députés à de simples spectateurs, tout en maintenant l’illusion que tout est sous contrôle.
Le plus cynique dans cette histoire ? Tous ces responsables savent parfaitement ce qu’ils laissent derrière eux. Un budget exsangue, des marges de manœuvre inexistantes, et une promesse intenable : celle de ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB d’ici 2027. Promettre l’impossible, c’est une chose. Ne rien faire pour y arriver, c’est pire.
Des excuses ? Même pas
Face au réquisitoire des sénateurs, nos dirigeants auraient pu faire preuve d’un minimum d’humilité. Mais non. Bruno Le Maire dénonce un rapport « truffé de mensonges ». Elisabeth Borne parle « d’attaques indignes ». Gabriel Attal, lui, rejette tout en bloc, affirmant qu’ »aucun élément tangible » ne prouve une gestion laxiste. Si l’autosatisfaction était une discipline olympique, ils rafleraient la médaille d’or.
Cette gestion du déficit public est un cas d’école. L’irresponsabilité politique élevée au rang d’art. On dépense sans compter, on ne prévoit rien, on ne rectifie rien, et surtout, on refuse d’admettre ses erreurs. Les conséquences ? Ce sera pour plus tard, et surtout pour quelqu’un d’autre. Entre temps, la France continue de creuser, comme si le fond du trou n’existait pas.