Deux études publiées mercredi dernier dans la revue scientifique « Nature » font état d’une avancée majeure en matière de technologies permettant aux personnes paralysées de communiquer. À travers l’intelligence artificielle et des systèmes d’implants cérébraux, des patients ont pu exprimer des mots par leur pensée.
Les scientifiques rivalisent de superlatifs pour décrire à quel point cette avancée est porteuse d’espoirs. Publiés dans la revue Nature et relayés par Le Parisien et BFMTV, les travaux de deux équipes américaines ouvrent la voie à de réjouissantes perspectives pour les personnes paralysées, incapables de communiquer normalement. Ces patients pourraient prochainement recourir à des intelligences artificielles capables de lire leurs pensées en analysant l’activité du cerveau liée au langage.
Concrètement, ces deux équipes de scientifiques ont mis au point deux outils capables de traduire des signaux neuronaux et de générer un texte correspondant, voire une voix synthétique qui prononcerait ces quelques mots. La première machine est ainsi capable de convertir 62 mots par minute tandis que la seconde grimpe jusqu’à 78 mots. Faible au regard de ce que contient une conversation normale – autour de 160 mots – mais colossal lorsque l’on considère les précédentes tentatives en la matière.
« Redonner une conversation fluide à une personne paralysée »
Les scientifiques de l’université de Stanford, à l’origine du premier appareil, ont pu tester l’efficacité de leur machine avec Pat Bennett, une Américaine de 67 ans atteinte de la maladie de Charcot qui provoque une perte progressive des neurones moteurs du cerveau et de la moelle, conduisant à terme à l’incapacité de parler. Cette dernière a été opérée afin que les chercheurs puissent insérer dans son cerveau un de ces appareils constitués d’électrodes qu’ils ont ensuite reliés à une intelligence artificielle capable de générer du texte à partir des signaux émis par le cerveau.
Et les résultats sont probants : « Près de trois mots sur quatre ont été déchiffrés correctement », se félicite Francis Willett, neuroscientifique à Stanford et créateur de cette machine. « Il est désormais possible d’imaginer un avenir dans lequel nous pourrons redonner une conversation fluide à une personne paralysée, lui permettant de dire librement ce qu’elle veut avec une précision suffisamment élevée pour être comprise de manière fiable », a-t-il ajouté.
Quant au deuxième dispositif, capable de décoder 78 mots par minute, il est l’œuvre d’Edward Chang, neurochirurgien à l’Université de Californie à San Francisco. Ce dernier a élaboré un implant, semblable à un petit rectangle fin comme du papier. L’outil est ensuite positionné à la surface du cortex cérébral, puis relié à deux intelligences artificielles capables, pour l’une, de lire les pensées du patient, et pour l’autre, de générer un avatar imitant certaines expressions du visage.
Des améliorations à apporter
L’expérience a été menée sur Ann, une femme de 47 ans incapable de parler depuis l’AVC dont elle a été victime il y a 18 ans. La machine a analysé son activité cérébrale associée à ses tentatives de prononcer 249 phrases. Là encore, le taux de réussite tutoie les 75%. En s’appuyant sur des vidéos de son mariage, l’IA est même parvenue à reproduire le plus fidèlement possible le timbre de voix d’Ann avant qu’elle ne perde l’usage de la parole.
Si ces études apparaissent très prometteuses, les outils en question doivent encore prouver leur fiabilité, tempèrent leurs auteurs qui insistent sur les améliorations nécessaires à apporter avant d’imaginer une utilisation à grande échelle. À commencer par le développement d’appareils sans fil pour faciliter l’usage de ces technologies au quotidien.