Une vague de manifestations a secoué la place de la République à Paris dimanche soir, marquant le début d’une campagne électorale éclair suite à la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. Nous y étions.
L’atmosphère était électrique. Un groupe de manifestants, armé d’un mégaphone, a grimpé sur l’imposant monument de la République au centre de la place, scandant des slogans antifascistes tels que « siamo tutti antifascisti » (nous sommes tous antifascistes, en italien) et « la jeunesse emmerde le Front national ». D’autres ont appelé à un « front populaire » face au Rassemblement national, qui a réalisé des scores historiques aux élections européennes, avec 31,47% des voix selon les estimations.
La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a lancé la France dans une période d’incertitude politique majeure. Le locataire de l’Elysée a justifié cette décision en soulignant la nécessité de redonner aux Français le choix de leur avenir parlementaire par le vote, face à la montée des nationalistes. Cette décision audacieuse intervient après la victoire écrasante du RN aux européennes, une situation qualifiée de « coup de tonnerre » par Céline Bracq, directrice générale de l’institut de sondage Odoxa :
Il y a une très forte volonté de la part des Français de sanctionner le président de la République
a-t-elle ajouté, mettant en avant le vote sanction record contre Macron.
Sous la direction de Jordan Bardella, le RN a obtenu 31,47% des voix, surpassant largement la candidate macroniste Valérie Hayer (14,5%) et la liste socialiste menée par Raphaël Glucksmann (14%).
Avant le premier tour des législatives anticipées le 30 juin prochain, suivies du second tour le 7 juillet, la France se prépare à une période électorale intense juste avant les Jeux Olympiques de Paris. L’historien Jean Garrigues estime que ce « pari extrêmement risqué » d’Emmanuel Macron pourrait bien redéfinir l’avenir politique du pays.
Hier soir, Marine Le Pen, leader du RN, a affirmé que son parti est « prêt à exercer le pouvoir », lors d’une réunion du bureau exécutif avec Jordan Bardella, simulant un conseil des ministres. De son côté, Emmanuel Macron a réuni son gouvernement et prévoit de s’exprimer cette semaine pour donner l’orientation qu’il estime « juste pour la nation ».
Face à cette montée de la droite nationaliste, Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères et chef du parti Renaissance, a lancé un appel à la mobilisation de toutes les forces républicaines. Il a promis que les députés sortants du champ républicain, en accord avec le projet du parti, bénéficieront de leur investiture.
Cependant, le chef des députés socialistes, Boris Vallaud, a critiqué cette approche en soulignant qu’ « on paye la facture du macronisme ». Le débat sur l’avenir politique de la France est donc plus intense que jamais, avec des enjeux décisifs à l’approche des élections législatives anticipées.