Le 23 mai prochain, une confrontation politique d’importance se tiendra entre le Premier ministre Gabriel Attal et Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN) aux élections européennes. Ce débat, prévu près de deux semaines avant le scrutin du 9 juin, revêt une importance capitale dans le contexte politique actuel.
Cette joute verbale cristallise les enjeux majeurs du prochain scrutin européen. D’un côté, le Rassemblement national, fort de ses 31% des intentions de vote, et de l’autre, la majorité présidentielle, incarnée par Valérie Hayer, qui affiche un petit score de 16% dans les derniers sondages OpinionWay pour CNews, Europe 1 et le JDD, paru le 10 mai.
Selon le politologue Philippe Moreau-Chevrolet, cette décision gouvernementale vise à « conserver sa position » et à éviter toute concurrence en positionnant Emmanuel Macron comme le principal challenger. La réaction de Raphaël Glucksmann, candidat tête de liste commune Parti socialiste-Place publique, qui s’est senti « exclu » de cette dynamique, en est un témoignage clair.
Initialement réticent à l’idée de débattre avec Jordan Bardella, préférant affronter Marine Le Pen, Gabriel Attal a finalement accepté sous « un rappel à l’ordre de l’Elysée », selon Philippe Moreau-Chevrolet. Cette décision reflète une prise de conscience de la réalité politique, où la confrontation entre un Premier ministre et une candidate à l’élection présidentielle est atypique.
La possibilité d’un débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron a également été soulevée, mais reportée au mois de septembre. Selon Philippe Moreau-Chevrolet, l’Élysée cherche à éloigner Raphaël Glucksmann pour éviter une situation où ses performances pourraient remettre en question la stratégie présidentielle.
Pourtant, cette stratégie comporte des risques. Organiser un débat entre Macron et Le Pen pourrait se transformer en un « référendum anti-Macron », alimentant le rejet du président par une partie de l’électorat. Cette situation pourrait, paradoxalement, renforcer tant Raphaël Glucksmann que le Rassemblement national.