Les élections européennes de dimanche ont surpris. Avec un taux de participation nettement supérieur à celui des Législatives de 2022, les Français ont manifesté un intérêt renouvelé pour le scrutin, malgré son caractère européen. Cette mobilisation traduit une préoccupation grandissante pour les enjeux nationaux, souvent éclipsés par des débats techniques, institutionnels, voire mensongers.
La légitimité du pouvoir est aujourd’hui au cœur des discussions. Pendant trop longtemps, cette question a été évacuée par un discours dominant sur la nécessité de faire barrage à la droite nationaliste. Cependant, les résultats des dernières élections révèlent une crise profonde de confiance dans les institutions, tant nationales qu’européennes.
Se proclamer défenseur de la démocratie ne suffit plus. Les citoyens exigent des actions concrètes pour réformer des institutions nationales qui imposent des lois impopulaires. Le rejet du traité de Lisbonne, imposé malgré l’opposition populaire, symbolise ce fossé entre les dirigeants et le peuple. Aujourd’hui, le Parlement est souvent perçu comme un organe déconnecté des préoccupations citoyennes, accentuant le sentiment de mépris parmi les électeurs.
La construction européenne elle-même est remise en question. Les règles juridiques imposées par l’UE sont souvent vues comme contraires aux principes républicains français. L’élection d’un Parlement européen sans réel pouvoir exécutif renforce ce sentiment d’inefficacité et de déconnexion.
La France, autrefois championne des droits de l’homme et du citoyen, semble aujourd’hui sacrifier ses principes universels sur l’autel de l’uniformisation mondiale, principalement dictée par les exigences du commerce international. Le président de la République, Emmanuel Macron, censé représenter les intérêts du peuple français, apparaît désormais comme le défenseur d’une élite et de ses intérêts économiques globaux. Cette ambiguïté sur la souveraineté nationale entraîne des répercussions graves, menant à une érosion progressive de la souveraineté populaire.
Avant d’analyser les résultats électoraux en termes de gains ou pertes pour les partis politiques, il est essentiel de reconnaître que ce vote reflète une demande de réévaluation fondamentale des institutions. Se focaliser uniquement sur les scores du Rassemblement National (RN) ne fait que masquer les faillites des principaux partis traditionnels. Cette stratégie récurrente, presque débile, empêche une réflexion sérieuse sur les réformes nécessaires pour restaurer la souveraineté populaire et redynamiser la démocratie.
La dissolution de l’Assemblée nationale était un acte inévitable face à la crise de légitimité du pouvoir. Les questions décisives concernant les institutions nationales, le rapport de la France à l’Europe, et la souveraineté populaire restent en suspens, indépendamment des résultats des prochaines élections législatives. Pour avancer, il est impératif d’entamer un dialogue honnête et approfondi sur ces enjeux essentiels, afin de réconcilier les Français avec les institutions et de redonner un sens véritable à la démocratie française.