Un rapport accablant de 72 pages publié le 29 novembre dernier par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) met en lumière l’ampleur des violences subies par les migrants empruntant les routes migratoires vers l’Europe. Ce document, fruit de témoignages collectés sur plusieurs années, dresse un tableau sombre des sévices infligés sur la « route centrale méditerranéenne », un axe migratoire reliant l’Afrique subsaharienne aux côtes européennes via le Maghreb.
Entre 2020 et 2023, le nombre de migrants recensés a connu une augmentation vertigineuse dans certains pays comme la Tunisie, où les chiffres ont bondi de 209 %. Selon les données de l’UNHCR, plus de 157 000 migrants ont débarqué en Italie en 2023, principalement originaires de Guinée (14 %), de Côte d’Ivoire (13 %), de Tunisie (11 %), d’Égypte (7 %), du Bangladesh (7 %) et du Pakistan (6 %).
Cependant, ces chiffres ne reflètent pas les horreurs endurées sur ce chemin. Pour beaucoup, le périple vers l’Europe se transforme en cauchemar.
Le rapport détaille des actes de torture, des conditions de détention inhumaines, et des abus perpétrés par des passeurs et des groupes criminels. Les migrants, souvent pris au piège dans des zones de conflit ou des régions instables, risquent la famine et sont parfois abandonnés à une mort certaine.
Les femmes, en particulier, paient un tribut exorbitant. Selon l’UNHCR, 90 % des femmes et des filles traversant la Méditerranée subissent des violences sexuelles. En Libye, dans le Sahara, au Niger, au Soudan et au Mali, ces agressions prennent des formes variées : viols systématiques, extorsions sexuelles en échange de protection, et même mariages forcés avec leurs ravisseurs.
Certaines femmes, pour échapper à ces atrocités, vont jusqu’à se déguiser en hommes. D’autres, capturées, sont contraintes à avoir des enfants avec leurs agresseurs.
Une responsabilité partagée
Les coupables de ces exactions ne se limitent pas aux passeurs. Des groupes armés, des complices locaux et parfois même les compagnons de voyage participent à ces violences. Cette réalité souligne la vulnérabilité extrême des migrants face à des réseaux criminels puissants opérant en toute impunité.
Ce rapport est un appel à la communauté internationale pour renforcer les efforts de protection des migrants et mettre un terme à ces abus systémiques. La route méditerranéenne centrale, bien qu’elle reste une voie d’espoir pour ceux qui fuient la guerre, la pauvreté ou les persécutions, s’avère être le théâtre de barbarie.