Trois mois après les émeutes qui ont touché le pays à la suite de la mort du jeune Nahel, le gouvernement a présenté, ce jeudi 26 octobre, devant plus de 500 maires, les mesures adoptées pour répondre aux violences urbaines qui ont coûté plusieurs centaines de millions d’euros à l’État et aux collectivités.
Emmanuel Macron avait réclamé une «réponse complète et profonde», après les émeutes survenues en France en juillet dernier, consécutives à la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier après un refus d’obtempérer. En conséquence, le gouvernement a annoncé, ce jeudi, une série de mesures pour répondre aux nombreuses problématiques soulevées par les maires de France.
Accompagnée du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, du garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, ainsi que de la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, et du ministre du numérique, Jean-Noël Barrot, la Première ministre a ainsi abordé deux volets. Le premier, sécuritaire, porte sur l’évolution du rôle de la police. Le second est quant à lui axé sur l’accompagnement global des enfants et sur le renforcement de la responsabilité parentale.
Création de la force d’action républicaine
Parmi les nouveaux dispositifs, la Première ministre a dévoilé les zones où seront expérimentées les Forces d’action républicaines (FAR), une promesse de campagne d’Emmanuel Macron pour répondre à la problématique sécuritaire rencontrée dans certains quartiers. Ces «équipes pluridisciplinaires» seront composées de magistrats, de policiers, d’officiers de police judiciaire, de fonctionnaires des finances, de personnels éducatifs et de travailleurs sociaux, et vont réaliser des interventions dans les quartiers difficiles. Elles seront d’abord déployées dans les communes de Besançon, Valence et Maubeuge d’ici à la fin de l’année.
Par ailleurs, la Première ministre a confirmé la création de 8.500 postes de policiers et gendarmes sur l’ensemble du territoire et annoncé que le rôle de la police municipale sera revu, pour plus de proximité avec la population.
Nouvelles sanctions pour les délinquants et leurs parents
Concernant le volet judiciaire, la Première ministre a présenté plusieurs mesures visant à sanctionner les mineurs qui auraient commis des infractions. La justice aura notamment la possibilité de placer les jeunes délinquants dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse, et dans certains cas, d’imposer un encadrement de jeunes délinquants par des militaires qui pourront transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi. L’amende pour non-respect du couvre-feu a par ailleurs été multipliée par cinq, pour atteindre 750 euros.
Alors que 30 % des interpellations menées à l’occasion des émeutes concernaient des mineurs, dont 40 % de moins de 16 ans, l’exécutif a également présenté des nouvelles sanctions et des mesures d’accompagnement pour les parents en difficulté. Pour ceux dont les enfants auraient commis des infractions, ils pourront être condamnés à des stages de responsabilité parentale ou à des peines de travaux d’intérêt général si la justice constate qu’ils se seraient soustrait à leurs devoirs éducatifs.
Une contribution financière citoyenne et familiale que les parents de mineurs devront payer à des associations de victimes sera également mise en place. Plus globalement, un «état des lieux» des dispositifs d’aides existants a été lancé. La ministre a aussi pointé la responsabilité et le manque d’investissement des pères absents des familles monoparentales, surreprésentées dans le contexte des violences de juin.
100 millions d’euros pour la reconstruction
Enfin, la Première ministre Elisabeth Borne a promis «une enveloppe de 100 millions d’euros» pour «aider à la réparation et la reconstruction» des bâtiments touchés par les émeutes au début de l’été, «en complément de l’indemnisation des assurances». «Nous sommes à vos côtés», a-t-elle assuré face aux maires.
En plus de ces mesures, Élisabeth Borne se rendra ce vendredi à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) pour présider un Comité interministériel des villes, consacré au volet «cohésion des territoires», et pour apporter une réponse «plus sociale» sur le long terme, selon Matignon. Au programme : des discussions autour de sujets tels que l’emploi, l’écologie, l’éducation, l’égalité des chances, ou encore la politique de la ville.