Les différentes prises de position des membres de la Nupes face aux attaques du Hamas contre Israël ont, une nouvelle fois, scindé l’alliance de la gauche en plusieurs morceaux. Des explications entre certains cadres devraient notamment se tenir.
De graves divergences. A la suite des attaques du Hamas contre l’État d’Israël, la Nupes doit faire face à un éventuel début de crise interne. La raison ? L’absence de condamnations fermes de ces actes, jugés comme «terroristes», par La France insoumise.
En effet, alors que la classe politique, de tous bords, ne cachait pas son émotion devant une situation dramatique, les membres de LFI se sont isolés en justifiant une «offensive armée», qui intervient «dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est». Des députés insoumis sont allés encore plus loin, comme Louis Boyard, qui a accusé le gouvernement français d’avoir fermé les yeux sur «la colonisation et les exactions en Palestine».
Trop longtemps que la France ferme les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine.
— Louis Boyard (@LouisBoyard) October 7, 2023
Trop longtemps que la France renvoie dos à dos la violence de l’état israélien et celle de groupes armés palestiniens.
Des années d’inaction et toujours les civils qui en paient le… https://t.co/h4dVW6X7di
Le gouvernement monte au créneau
Le vocabulaire de La France insoumise a vivement irrité l’exécutif. Depuis Bordeaux, où elle assistait au campus de rentrée du parti Renaissance, Elisabeth Borne n’a pas hésité à dénoncer des «ambiguités révoltantes» du parti de Jean-Luc Mélenchon. Pour la cheffe du gouvernement, «l’antisionisme» de LFI est «aussi une façon de masquer de l’antisémitisme». De son côté, Gérald Darmanin a dénoncé ce lundi 9 octobre ce qu’il considère être «la logique électoraliste» de La France insoumise.
«Que fait monsieur Mélenchon et qu’essaie de faire LFI ? Chacun le voit désormais : parler à une certaines communauté de personnes», a déclaré le ministre de l’Intérieur au micro de nos confrères de France Bleu Nord.
Le « dégoût » des socialistes
Outre ces tensions entre LFI et le gouvernement, c’est toute la Nupes qui vacille. En effet, une vague de protestations à l’encontre des insoumis s’est fait ressentir du côté des socialistes. Le député de l’Essonne Jérôme Guedj a vivement dénoncé sur son compte X, anciennement Twitter, toutes les prises de position qui ne condamnent pas «avec clarté» le Hamas palestinien. «Vous me dégoûtez», a-t-il ajouté.
Pourtant fervent défenseur de la Nupes, l’élu a confié ce dimanche que «la question» de quitter l’alliance de gauche «se pose» désormais. Une réaction partagée par la députée socialiste Valérie Rabault. «Que certains à gauche parlent du Hamas comme « des forces armées palestiennes » me dégoûte», a-t-elle déploré. De son côté, Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste, a reconnu que «ces prises de position laisseront des traces».
Au micro de nos confrères de France Inter, le député de Seine-et-Marne a défendu une ligne «simple, claire et qui devrait être unanime», assurant que des discussions devraient se tenir entre les membres de la Nupes. «Nous aurons à en rediscuter. Il y aura des explications à avoir».
Au-delà des membres de la Nupes, Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, a sommé son parti de prendre ses distances avec l’alliance de gauche. «Je redis solennellement à ma famille politique, le Parti socialiste, qu’il est temps de mettre un terme à la mésalliance avec Jean-Luc Mélenchon qui n’a rien d’une union (…) Le Parti socialiste ne peut pas continuer à se perdre. Il ne peut y avoir d’espérance et de victoire dans le déshonneur». La séance de questions au gouvernement, qui se tiendra ce mardi 10 octobre à l’Assemblée nationale, devrait être vivement animée par ces questions de prises de position.