Juriste en droit de la santé et fervente représentante des porteurs de handicap, Gaëlle Drewnowski exprime ses vives inquiétudes face au projet de loi sur la fin de vie. Si cette loi venait à être adoptée, elle craint que l’aide à mourir ne prenne le pas sur l’accompagnement médical des patients, notamment pour des raisons économiques.
Soulager la douleur plutôt que mourir. » C’est la solution préconisée par de nombreux porteurs de handicaps lourds et dégénératifs, tels que les patients atteints de la maladie de Charcot. Pourtant, ces patients pourraient bénéficier d’une fin de vie anticipée grâce au texte de loi qui sera examiné à l’Assemblée nationale lundi prochain. Ce projet de loi propose une aide à mourir pour les malades en phase avancée ou terminale de leur pathologie.
Gaëlle Drewnowski redoute que cette option ne devienne privilégiée au détriment d’un accompagnement médical de qualité. Selon elle, le projet de loi pourrait être une manière pour l’État de compenser le manque de moyens alloués aux soins des personnes en situation de handicap.
Il ne faut pas se cacher, il y a une raison économique. Un suivi de qualité ça dure plus longtemps donc c’est plus coûteux que de donner la mort aux personnes
déclare-t-elle.
La juriste affirme que ce texte envoie un message négatif aux patients, les transformant implicitement en fardeaux pour la société en raison de leur inactivité et de leur manque de rentabilité. Face à cette perception, certains pourraient être tentés de privilégier l’aide à mourir.
C’est plus facile de demander à mourir que d’accéder à des soins de qualité. Je sais par expérience que les centres anti-douleurs ont des délais de rendez-vous très importants. C’est au moins six mois pour une première consultation. Alors que là, dans ce projet de loi, il y aurait 48 heures pour que la personne se décide ou se rétracte
explique-t-elle.
Pour Gaëlle Drewnowski, il est impératif de développer l’offre de soins pour soulager ceux qui en ont besoin, plutôt que de proposer une solution de suicide assisté.
Plutôt que de proposer un suicide assisté, il serait préférable de développer l’offre de soin pour soulager tous ceux qui en ont besoin
conclut-elle, en appelant à une prise de conscience et à une véritable réflexion sur les priorités en matière de santé publique.