Quelques mois après le naufrage du Summer Love au large des côtes italiennes, qui avait fait 94 morts fin février, un nouveau drame a touché la Méditerranée mercredi. Un bateau de pêche surchargé de migrants a chaviré au sud-ouest de la Grèce, précipitant la noyade de 78 personnes. Que s’est-il passé ? Quelles sont les réactions ?
Mardi après-midi, un bateau de pêche transportant « des centaines » de migrants a été repéré par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières. Mais les migrants à son bord « ont refusé toute aide », selon un communiqué des autorités portuaires grecques.
Quelques heures plus tard, le navire surchargé a chaviré dans les eaux internationales au large de la péninsule grecque du Péloponnèse. Selon les premières informations des autorités, l’embarcation naufragée avait appareillé de Libye à destination de l’Italie.
Les gardes-côtes ont précisé qu’au moment du drame, dans la nuit de mardi à mercredi, à 47 milles marins de Pylos, en mer Ionienne, aucune des personnes à bord du bateau de pêche n’était équipée d’un gilet de sauvetage. Une vaste opération de sauvetage a été déclenchée mercredi matin, permettant de sauver 104 personnes.
Outre les patrouilleurs de la police portuaire, une frégate de la marine de guerre grecque, un avion et un hélicoptère de l’armée de l’air ainsi que six bateaux qui naviguaient dans la zone participaient à cette opération de sauvetage.
Comment le drame est-il géré en Grèce ?
Les naufragés sauvés ont été emmenés au port de Kalamata, où ont également été hospitalisées quatre personnes. La présidente de la République, Katerina Sakellaropoulou, devait se rendre sur place mercredi. La Grèce va par ailleurs observer trois jours de deuil national, ont annoncé les services du Premier ministre par intérim, Ioannis Sarmas.
Ce dernier, en fonction jusqu’aux élections législatives prévues le 25 juin, est « en communication avec les autorités compétentes » et « est constamment informé » de l’évolution de la situation, selon ses services.
Signe de l’union autour de ce drame, l’ancien Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, qui a mené pendant ses quatre années à la tête du gouvernement une politique très dure en matière migratoire, a décidé d’annuler un rassemblement électoral prévu pour la fin de journée à Patras, le grand port de cette région du Péloponnèse, a annoncé son parti Nouvelle Démocratie (ND).
Quelles sont les réactions à l’international ?
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dit « profondément attristée » et a assuré dans un tweet que les Etats membres de l’UE devaient « continuer à travailler ensemble, avec (…) les pays tiers, pour éviter de telles tragédies ». Le pape François, très sensible à la thématique migratoire, est « profondément consterné » par le naufrage, rapporte le Vatican, et « envoie ses prières sincères pour les nombreux migrants qui sont morts, leurs proches et tous ceux qui ont été traumatisés par cette tragédie ».
En France, Marine Le Pen a été l’une des premières à s’exprimer sur le naufrage. « Ce drame épouvantable est un drame qui survient après beaucoup d’autres drames et qui, si on n’arrête pas cette politique, précédera beaucoup d’autres drames encore », a prédit la cheffe des députés du Rassemblement national sur franceinfo. Dénonçant une « pompe aspirante », elle a regretté que l’espoir « d’arriver en Europe et d’être régularisé » puisse « inciter à la prise d’un risque considérable qui est celui de mourir en mer ». Pour celle qui prône une réduction drastique de l’immigration en France, il faut « nourrir », « soigner », « hydrater » les migrants embarqués sur ces bateaux puis « les ramener à leur port de départ ».