Dans une interview fleuve au Point, le président Emmanuel Macron a dressé le cahier des charges du gouvernement en cette rentrée, évoquant notamment l’immigration et l’éducation.
Dans une longue interview au Point, Emmanuel Macron a martelé sa volonté de «rebâtir la Nation», à travers notamment un vaste volet éducatif, évoquant également l’immigration. Alors que le chef de l’Etat recevra la semaine prochaine toutes les forces politiques, il n’a pas exclu d’avoir recours au référendum sur certains projets.
Emmanuel Macron a plaidé pour «réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration illégale», et a annoncé que le gouvernement reprendra «à la rentrée» son projet de loi sur le sujet plusieurs fois reporté depuis un an, sans exclure d’«enrichir le texte» au Parlement.
«Est-ce qu’on est submergés par l’immigration ? Non. C’est faux de dire cela. Cela dit, la situation que nous connaissons n’est pas tenable et nous devons réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration illégale. Nous avons une obligation de résultat», a souligné le président. «Pour ce faire, il faut mieux protéger nos frontières extérieures, européennes, car rappelons-le, la France n’est pas un pays de première entrée en Europe mais surtout d’immigration secondaire pour des étrangers entrés par un autre pays de l’Union européenne», a poursuivi Emmanuel Macron.
Et d’ajouter : «On doit par ailleurs aussi être plus efficace dans l’application du droit d’asile, dévoyé par les réseaux de passeurs. C’est au cœur du projet de loi préparé par le gouvernement». En ce sens, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin va reprendre le projet de loi gouvernemental, «échanger avec toutes les forces d’opposition qui vont dans ce même sens et construire un projet le plus efficace possible».
L’accent sur l’éducation
Le chef de l’Etat a souligné que l’éducation était une priorité du gouvernement face aux défis actuels. Fidèle à sa conviction qu’il y a «trop de vacances», il a expliqué vouloir que les élèves «qui en ont besoin» puissent rentrer à l’école «dès le 20 août» pour «faire du rattrapage», et a estimé qu’il faut des «ajustements» sur le calendrier du bac car certaines épreuves sont trop «tôt dans l’année».
Emmanuel Macron a également plaidé pour une refonte des programmes d’histoire et d’instruction civique. «L’histoire doit être enseignée chronologiquement et l’instruction civique, devenir une matière essentielle. Chaque semaine, un grand texte fondamental sur nos valeurs sera lu dans chaque classe puis débattu», a-t-il détaillé.
Recours au référendum
Alors que le président réunira la semaine prochaine «toutes les forces politiques représentées» au Parlement, il a affirmé qu’il aurait recours au référendum sur certains projets qui émaneront de ces discussions.
Cette réunion, qui pourrait avoir lieu mercredi 30 août selon certains partis politiques conviés, portera «sur la situation internationale et ses conséquences sur la France, et sur les nuits d’émeutes que nous avons vécues, avec pour objectif de prendre des décisions pour renforcer l’indépendance de notre pays et rebâtir notre nation et tout ce qui la tient».
«Sortiront de ces travaux des décisions immédiates, des projets et propositions de loi mais aussi des projets de référendums», a ajouté Emmanuel Macron. Et d’insister : «Le référendum fait toujours partie des options qui peuvent être utilisées et je compte bien y avoir recours».
Après les émeutes, « il faut s’atteler à reciviliser »
Au cours de l’entretien, le chef de l’Etat est notamment revenu sur les émeutes qui ont touché le pays au début de l’été. «J’ai parlé de décivilisation il y a quelques mois» lors d’un Conseil des ministres. «C’est bien cela que nous avons vu» à l’occasion des émeutes, et «il faut donc s’atteler à reciviliser», a-t-il indiqué.
Réfutant que ce soit «les étrangers qui ont causé ces émeutes», car «90% sont nés en France», Emmanuel Macron a invoqué «un problème d’intégration et de refondation de la Nation». «Une immense majorité des personnes interpellées vient de familles monoparentales ou de l’aide sociale à l’enfance», a-t-il fait valoir. «Cela montre que le chantier de la famille est essentiel. Ensuite, il y a la place de l’école, de la régulation des écrans, de l’intégration par l’économie et l’emploi», a-t-il énuméré.
Le président a particulièrement insisté sur «la place des écrans, des réseaux sociaux», selon lui, «majeure dans ces émeutes», résumant sa pensée dans une formule : «on a besoin de moins d’écrans, et plus d’école».