Non, Marseille n’a pas tourné une page de son histoire. Pas cette fois-ci. À 84 ans, celui qui avait façonné la cité phocéenne est parti, certes, mais il laisse derrière lui un héritage pour ses semblables.
Les obsèques de Jean-Claude Gaudin, célébrées à la cathédrale de la Major, ont rassemblé une foule de personnalités. Nicolas Sarkozy, Brigitte Macron, le prince Albert II de Monaco, et d’autres figures politiques et locales se sont réunis pour rendre hommage à cet homme qui incarnait vraiment Marseille depuis des décennies. Les souvenirs et les hommages ont afflué, peignant le portrait d’un homme aux multiples facettes.
Natif de Marseille, Jean-Claude Gaudin a consacré sa vie à sa ville, natale. Professeur d’histoire-géographie devenu homme politique, il a gravi les échelons à la force de son courage jusqu’à devenir maire en 1995. Durant ses 25 ans à la tête de la mairie, Monsieur Gaudin a impulsé de nombreux projets de développement, modernisant la ville et renforçant son attractivité. Son amour pour Marseille était palpable, indéniable et sa voix résonnait comme celle d’un fervent défenseur de la cité phocéenne jusqu’à Paris et en Europe.
Pourtant, son héritage est contesté. C’est le jeu politique qui veut ça. Ses détracteurs gauchistes, et autres beatniks bientôt à la cause d’un Printemps Marseillais au bord de l’asphyxie, pointent du doigt la gestion des quartiers nord, laissés à l’abandon, mais aussi la détérioration des écoles publiques. Invraisemblable, pour un maire ayant enseigné. Cette coalition de gauche et d’écologistes qui sent aujourd’hui le sapin, a pris les rênes de la mairie en 2020, illustrant un « désir » de changement et de rupture avec l’ère ancienne. Pas de bol, même avec de nouvelles directions politiques, l’empreinte de Jean-Claude Gaudin sur Marseille est indélébile. Les grands projets urbains, les transformations du Vieux-Port et les nombreuses initiatives qu’il a lancées sont autant de témoignages de son passage.
La tragédie de la rue d’Aubagne en 2018, où l’effondrement de deux immeubles insalubres a causé la mort de huit personnes, est un sombre rappel des défis auxquels la ville faisait face sous son mandat. Cet événement tragique a mis en lumière les problèmes de logement indigne à Marseille, un lourd fardeau que la ville porte aujourd’hui, sous l’incompétence d’un maire, édile de lui-même.
⚫️ Le temps d'un nouvel hommage à Jean-Claude Gaudin avant son entrée définitive dans l'éternité. 🌟 pic.twitter.com/ySxaiEv8zg
— Métropole Aix-Marseille-Provence (@AMPMetropole) May 23, 2024
En dépit de ces critiques, beaucoup se souviennent de lui comme d’un homme dévoué, qui a sacrifié sa vie personnelle pour le bien de la communauté marseillaise.
Jean-Claude Gaudin était un homme de contrastes : aimé et critiqué, visionnaire et controversé. Sa mort ne marque aucunement la fin d’une époque, mais ouvre une réflexion saine sur l’avenir de Marseille. En rendant hommage à cet homme qui a beaucoup donné pour sa ville, Marseille se prépare à écrire de nouveaux chapitres, en tirant les leçons du passé pour construire un avenir plus équitable, prospère et intelligent. Un avenir, sans Benoît Payan.