Le mercredi 13 mars, la Cour de cassation a tranché : le sénateur Jean-Noël Guérini, figure controversée de la politique marseillaise, est définitivement condamné. Cette décision sonne le glas d’une ère politique marquée par les luttes de pouvoir et les scandales qui ont secoué la seconde ville de France.
Jean-Noël Guérini, autrefois considéré comme le maître incontesté des socialistes marseillais, est désormais contraint de quitter la scène politique, déchu de son mandat de sénateur. Mais son départ, loin de clore le chapitre de son influence à l’échelle locale, ouvre la porte à une réflexion plus profonde sur l’héritage politique et judiciaire qu’il laisse derrière lui.
Pendant des années, Jean-Noël Guérini et son frère Alexandre ont incarné la quintessence du pouvoir à Marseille. Président du conseil général des Bouches-du-Rhône pendant près de deux décennies, il a dominé le paysage politique local, façonnant alliances et rivalités selon sa volonté. Mais derrière cette façade de puissance se cachait une face sombre, émaillée d’accusations de corruption et de favoritisme.
L’affaire qui a finalement scellé le destin politique de Jean-Noël Guérini concerne des marchés publics truqués, une pratique malheureusement trop courante dans le paysage politique marseillais. Accusé d’avoir favorisé des proches dans l’attribution de contrats lucratifs, il a finalement été condamné à trois ans de prison et cinq ans d’inéligibilité.
Sa démission du Sénat, annoncée ce jeudi 21 mars, marque la fin d’une saga judiciaire longue et tortueuse. Mais alors que le sénateur déchu quitte la scène politique, son influence continue de se faire sentir. Des figures telles que l’ancienne sénatrice Samia Ghali et l’actuel maire de Marseille Benoît Payan, qu’Alexandre Guerini appelait volontiers son « doudou » tant il le trimballait partout – une expression aussi acide que paternaliste – doivent maintenant composer avec un héritage politique entaché de scandales et de controverses.
Pourtant, malgré sa chute, Jean-Noël Guérini laisse derrière lui un vide difficile à combler. Son départ laisse un espace politique béant, où se disputent déjà de nouveaux prétendants au trône. Et tandis que Marseille cherche à se défaire des ombres du passé, les défis du présent restent entiers : corruption, inégalités sociales, violence urbaine, narcobanditisme, insalubrité.
La démission du sénateur est un rappel brutal de la fragilité du pouvoir politique. Dans une ville où les dynasties politiques se succèdent et se défont, son départ marque la fin d’une ère, mais aussi le début d’une nouvelle page de l’histoire politique de Marseille. Reste à savoir si cette page blanche sera marquée par la transparence et l’intégrité, ou si elle reproduira les erreurs du passé.