Après 50 ans de carrière et plus de 150 millions d’albums vendus, le groupe new-yorkais tire sa révérence avec la tournée End of the road.
C’est une des dernières occasions de voir Gene Simmons, son maquillage de démon et sa langue bien pendue: après 50 ans de carrière, le groupe Kiss et son bassiste iconique sont en tournée d’adieux, de passage au Hellfest jeudi.
Bien sûr, il faut toujours se méfier des dernières dans l’industrie musicale: Kiss est déjà passé au Hellfest en 2019, tirant à l’époque sa révérence au public de ce rendez-vous français dédié aux metal et ses courants, un des plus grands d’Europe (240.000 festivaliers attendus).
Cette fois, la tournée End of the road (Fin de la route), qui s’achève en décembre à New York, leur ville, semble bien porter son nom. À 73 ans, Gene Simmons, colosse du groupe mythique de glam-metal (une des branches les plus mélodiques de la famille), victime d’un coup de chaud sur scène au Brésil en avril, a dû jouer assis ce soir-là, séquence relayée sur les réseaux sociaux. Depuis, aucun incident. L’autre membre fondateur encore présent, Paul Stanley, guitariste et chanteur, affiche 71 ans.
Ce duo qui fait tourner la boutique Kiss (formation en 1973, premier album éponyme en 1974) a déjà prévu l’après. Simmons imagine «sans problème», dans le podcast Let there be talk, que « des gamins de 20 ans reprennent le maquillage » pour perpétuer la marque Kiss. Un groupe où chaque musicien se cache derrière un maquillage différent, entre théâtre Kabuki et super-héros de comics.
Cuir, clous et pyrotechnie
Rien d’étonnant: Simmons et Stanley n’ont pas hésité à continuer l’aventure sans deux membres originels adulés des fans, Ace Frehley, guitariste solo, et Peter Criss, batteur, partis une première fois dans les années 1980, puis définitivement au début des années 2000 après une reformation lucrative. Les maquillages associés à Frehley (Spaceman, l’homme de l’espace) et Criss (Catman, l’homme chat) sont depuis arborés par Tommy Thayer (62 ans) et Eric Singer (65 ans).
L’image du groupe, c’est le coup de génie de Kiss. Simmons et Stanley ont poussé plus loin le concept des New York Dolls, groupe punk avec des musiciens vêtus façon drag-queens. Pas de tentation androgyne chez Kiss mais un cocktail inspiré des séries B fantastiques, entre cuir, clous et pyrotechnie. Simmons est devenu le visage de Kiss, grimé en démon, tirant une langue qu’on dit la plus longue du circuit rock, crachant du faux sang ou du feu.
Leur réputation s’est construite sur scène, volant la vedette des groupes dont ils assuraient la première partie. Le succès discographique viendra avec leur quatrième album, un live (Alive ! en 1975), alors que leur label est au bord de la faillite. Le mégatube I was made for lovin’ you surgit avec l’album Dynasty (1979). Kiss est alors emporté dans un tourbillon dont il aura du mal à se remettre.
150 millions d’albums
Leurs fans deviennent la Kiss Army, le merchandising est développé à grande échelle: BD dont l’encre rouge contient soi-disant leur sang, figurines, coffrets de maquillage, suivront préservatifs et cercueils à leur effigie… « Pour tout ce qui est merchandising, personne ne fait mieux que Kiss », commente Dave Grohl (ex-batteur de Nirvana, devenu chanteur des Foo Fighters) dans le documentaire Kisstory.
Simmons avoue dans ce documentaire que l’ego a parfois conduit à des mauvais choix. Une fois, après le départ du groupe au début des années 1980 de Frehley et Criss, aspirés par drogues et alcool, Kiss se produira ainsi sans maquillage, avant de le remettre.
L’explosion de groupes comme Nirvana ou Rage Against The Machine leur mettra un sérieux coup de vieux dans les années 1990, avant de rebondir via la reformation éphémère du quatuor des débuts à l’aube des années 2000. Résultat, plus de 150 millions d’albums vendus en un demi-siècle. Pour la suite, tout semble prêt pour que Kiss fasse encore parler de lui, même sans ses membres historiques. Leur manager assure qu’un biopic verra le jour sur Netflix en 2024.