Le débat sur le mode de scrutin en France n’est pas nouveau. Il revient régulièrement sur le devant de la scène, révélant des tensions profondes au sein de notre démocratie. À travers les mots de Michel Debré, qui plaidait contre la représentation proportionnelle en 1947, nous comprenons que la question du scrutin est bien plus qu’une simple affaire technique ; elle touche à l’essence même de notre système politique.
Aujourd’hui, alors que Michel Barnier, Premier ministre en fonction, semble ouvert à une réflexion sur ce sujet, il est légitime de s’interroger. Que signifie réellement cette ouverture ? Pour qui et pour quoi ? Les échos du passé résonnent avec force, et les erreurs du passé sont encore présentes à l’esprit.
Le général de Gaulle a conçu la Vᵉ République sur des bases solides, en veillant à établir un équilibre entre le pouvoir exécutif et législatif. Son choix en faveur du scrutin majoritaire visait à garantir la stabilité politique et la capacité de gouverner. Alors que nous sommes désormais confrontés à un paysage politique fragmenté, marqué par une absence de majorité claire à l’Assemblée nationale, la tentation d’introduire la proportionnelle peut sembler séduisante. Mais à quel prix ?
Le retour à un système de représentation proportionnelle serait une porte ouverte à un retour en arrière, un retour à la IVᵉ République, où les gouvernements étaient souvent des coalitions instables, incapables de mener des réformes significatives. Les promesses de collaboration entre partis peuvent facilement se transformer en marchandages politiques, éloignant ainsi les citoyens de la véritable volonté populaire.
Les dangers de l’instantanéité
La situation actuelle, marquée par l’incertitude et le mécontentement social, appelle à des décisions réfléchies et courageuses. Cependant, il serait imprudent de céder à l’impulsion du moment. L’instauration d’un scrutin proportionnel ne répondrait pas aux aspirations profondes des Français. Au contraire, elle risquerait de plonger notre pays dans un cycle d’instabilité, où les partis dominants se disputent le pouvoir au détriment des voix moins entendues.
Dans son discours, Michel Barnier a évoqué la nécessité d’« une action sans idéologie », mais cette neutralité pourrait se révéler trompeuse. La politique n’est pas un exercice technocratique ; c’est un art de la responsabilité, une nécessité de choisir un cap clair et de le suivre avec détermination.
En cette période décisive, la question du mode de scrutin ne doit pas être abordée à la légère. Michel Barnier a l’opportunité de se positionner comme le défenseur des valeurs gaullistes, mais cela nécessitera un engagement véritable en faveur de la Vᵉ République. La démocratie ne se résume pas à un changement de mode de scrutin, mais à une réforme profonde qui respecte l’héritage politique et culturel du pays.