À partir de jeudi, les 577 députés nouvellement élus seront appelés à composer les instances de leur nouvelle Assemblée nationale. Une bataille acharnée s’annonce dans un Palais Bourbon divisé en trois blocs distincts.
De la présidence aux questeurs, du Bureau aux Commissions, les postes-clés sont nombreux et les avantages politiques et matériels qu’ils confèrent attisent les convoitises de tous les groupes parlementaires.
À commencer par l’élection du président de l’Assemblée nationale, garant de son fonctionnement interne et représentant éminent à l’extérieur. Il se fera à bulletin secret. Les deux premiers tours nécessitent une majorité absolue des suffrages exprimés. Si un troisième tour est nécessaire, une majorité relative suffit, et en cas d’égalité, le candidat le plus âgé est élu. Élu pour la durée de la législature, le président préside les séances décisives et dispose de pouvoirs de nomination significatifs, notamment au sein du Conseil constitutionnel et du Conseil supérieur de la magistrature.
Lors de la précédente législature, Yaël Braun-Pivet, candidate à sa réélection, avait refusé un amendement de Charles de Courson visant à abroger la réforme des retraites, invoquant l’article 40 qui empêche les députés d’alourdir les charges de l’État. Cette décision avait marqué l’importance du pouvoir de filtre constitutionnel du président de l’Assemblée.
Vendredi, les députés éliront six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires pour compléter le Bureau de l’Assemblée. Ce dernier, bien que méconnu du grand public, joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de la chambre basse. Il examine la recevabilité financière des propositions de loi, interprète le règlement intérieur et peut sanctionner les élus. Il nomme également le déontologue de l’Assemblée et décide de la levée d’une immunité parlementaire.
Les questeurs, chargés de la gestion administrative et financière de l’Assemblée, bénéficient de privilèges tels qu’un appartement de réception et des indemnités supplémentaires. Leur avis est indispensable pour toute dépense de l’Assemblée.
Théoriquement, les présidents de groupe peuvent répartir ces postes selon un système à points, chaque groupe disposant de points proportionnels à sa taille. Cependant, dans une Assemblée aussi polarisée, un accord semble improbable. En cas d’échec, les 577 députés procéderont à un vote pour attribuer les postes.
Samedi, les présidents de groupe répartiront les députés dans les huit commissions permanentes. Celles-ci étudient et amendent les textes de loi avant leur présentation en séance plénière, contrôlent l’action du gouvernement et auditionnent régulièrement des ministres et autres personnalités. Elles jouent aussi un rôle clé dans la validation ou le rejet de certaines nominations présidentielles.
Le poste de président de la puissante commission des Lois est réservé à un élu d’opposition, soulignant l’importance de l’équilibre des pouvoirs. Les présidents de commissions, les présidents des groupes politiques, les rapporteurs généraux des budgets, ainsi que le président et les vice-présidents de l’Assemblée, composent la conférence des Présidents, qui fixe l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée.