Parfois, il faut que la réalité frappe fort pour secouer les illusions d’un pays. La démission de Michel Barnier, suite au vote de censure historique, n’est pas seulement un revers politique, c’est la preuve que la France persiste à danser au bord du précipice fiscal. Et dans ce contexte, l’avertissement de Moody’s est un rappel brutal mais nécessaire de la gravité de la situation.
Certains critiqueront les agences de notation, accusées d’être des juges froids et distants. Mais Moody’s, loin d’être une simple spectatrice, joue ici le rôle du messager lucide. Quand elle affirme que « la chute du gouvernement réduit la probabilité d’une consolidation des finances publiques », elle ne fait que traduire l’évidence. La France n’a plus les moyens de sa politique.
Moody’s ne se contente pas de diagnostiquer un déficit croissant ; elle met en lumière un problème systémique. Une classe politique fracturée, incapable de prendre les décisions courageuses qui s’imposent, et une population peu réceptive à l’idée de sacrifices budgétaires. Ce cocktail explosif éloigne tout espoir de stabilisation des finances publiques à court terme.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec un déficit prévu à 6,3 % en 2024, la France continue de creuser un gouffre budgétaire. Le projet initial de Michel Barnier, visant un déficit de 5 %, semblait déjà ambitieux. Mais la réalité est encore plus sombre. Des recettes fiscales décevantes, des dépenses rigides et une dette qui explose. Moody’s souligne, à juste titre, que ce déficit chronique combiné à des coûts d’emprunt en hausse est une recette pour le désastre. Et que dire des perspectives à moyen terme ? Alors que les seuils européens sont ignorés, le pays se rapproche dangereusement d’une spirale de la dette, où chaque nouvel emprunt finance les intérêts des précédents. Moody’s, souvent accusée de pessimisme, fait ici preuve de simple bon sens.
L’immobilisme politique : l’autre crise
Mais ce qui inquiète le plus, c’est l’impasse politique. Le rejet du budget de la Sécurité sociale et du projet de loi de finances paralyse l’action publique. Dans une démocratie mature, le compromis devrait être la norme. Pourtant, en France, les divisions internes transforment chaque réforme en combat de tranchées.
Moody’s le dit sans détour, cette « fracture politique » rend toute consolidation budgétaire improbable. Peu importe le prochain locataire de Matignon, il ou elle héritera d’une majorité introuvable et d’un pays réticent à accepter l’austérité. Et chaque mois qui passe sans réforme approfondit la méfiance des marchés.