Mélenchon a semblé acter ce mardi la fin de la Nupes, accusant le patron des socialistes de « rompre » leur alliance politique en affirmant que le leader Insoumis ne peut plus « être celui qui incarne l’ensemble de la gauche et de l’écologie ».
Olivier Faure rompt la Nupes » : par un tweet en forme d’épitaphe, Jean-Luc Mélenchon a officialisé la fin de cette Nouvelle union populaire écologiste et sociale. Un divorce « pour fait personnel à mon sujet à propos d’Israël (et de la) Palestine », a-t-il précisé.
Depuis l’attaque sanglante du Hamas il y a dix jours, le leader de la France insoumise (LFI) et son cercle rapproché refusent de qualifier le mouvement islamiste de « terroriste », à rebours du reste de la classe politique.
La députée Danièle Obono a encore évoqué mardi sur Sud Radio un « groupe politique islamiste » qui « résiste à une occupation » pour « la libération de la Palestine ». Face à cette position, le Parti socialiste a convoqué son conseil national à partir de 19H30 pour discuter d’une éventuelle sortie de l’alliance nouée au printemps 2022.
Olivier Faure y proposera « un moratoire » sur la participation de ses députés à l’intergroupe Nupes, a-t-il annoncé sur France Inter. De fait, les députés socialistes n’étaient pas présents à la réunion hebdomadaire mardi matin. Il s’agit d' »obtenir une clarification », a expliqué le premier secrétaire du PS. Il y a « un sujet avec la méthode Mélenchon », le triple candidat à la présidentielle « ne peut plus prétendre incarner l’ensemble de la gauche et des écologistes ».
Crime de lèse-majesté aussitôt dénoncé par les cadres de LFI, Manuel Bompard et Mathilde Panot fustigeant à l’unisson de leur chef un « prétexte » pour « rompre avec la Nupes ». « Quand vous êtes, pour certains, les auteurs du bazar permanent à gauche, rejeter en permanence la faute sur les autres, ce n’est pas responsable », a dénoncé le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet.
Pour lui, « de facto c’est la fin d’une étape. Nous ce qu’on veut c’est plus d’union et mieux d’union. Nous ne trahirons jamais cette promesse faite aux Français de se rassembler pour changer leur vie ». La coalition bat de l’aile depuis longtemps. L’espoir suscité par l’élection de 150 députés en juin 2022 a en effet été mis à rude épreuve avec les violences conjugales d’Adrien Quatennens, la stratégie au moment de la réforme des retraites, la guerre en Ukraine ou les émeutes urbaines.
Ces fossoyeurs de l’union
Le parti communiste a déjà fait un pas vers la sortie dimanche, en votant une résolution constatant l' »impasse » de la Nupes, dominée par LFI, et appelant à « un nouveau type d’union » de la gauche. Au sein du PS, la pression s’accroît aussi sur Olivier Faure, dont les opposants entendent bien obtenir le départ d’une alliance avec LFI à laquelle ils sont hostiles.
Au nom de « la clarté », la présidente de la région Occitanie Carole Delga, la maire de Paris Anne Hidalgo et le maire de Rouen – rival interne du patron des socialistes – Nicolas Mayer-Rossignol, ont ainsi annoncé lundi « la suspension immédiate de tout cadre commun d’actions avec La France insoumise ». Ils appellent le PS, « ses fédérations, ses groupes politiques, ses partenaires de gauche et écologistes à faire de même ». Mais d’autres refusent d’apparaître comme les fossoyeurs de l’union. « Si Mélenchon aime la gauche, il doit s’effacer, qu’il nous laisse construire une alternative », estime la députée Christine Pires-Beaune.
« Ce moratoire, c’est le temps de lancer deux chantiers », précise son collègue Arthur Delaporte. « Un chantier sur notre manière de travailler à l’Assemblée qui n’est pas satisfaisante », et un deuxième, « sur le fond : nous avons des désaccords de fond que nous devons mettre sur la table ».
M. Faure continue d’ailleurs de réclamer un « fonctionnement plus démocratique » de la coalition pour aboutir à « une candidature commune » en 2027. Il appelle à « un dialogue » avec ceux qui sont « prêts » à « construire le rassemblement sur des bases claires » et à « en finir avec une stratégie qui nous conduit dans un mur ». Au sein de LFI, le député Alexis Corbière reconnaît qu’il y a « une situation de tensions ». Mais, dans ces moments-là, « il faut des militants de l’unité ».