La démocratie, fragile équilibre entre pouvoir et responsabilité, vacille en Corée du Sud. Yoon Suk Yeol, président élu de justesse en 2022, s’est engagé sur un chemin périlleux en tentant d’imposer la loi martiale. Un geste spectaculaire, mais maladroit, qui pourrait bien lui coûter son poste.
Quand Yoon Suk Yeol a annoncé, mardi soir, l’instauration de la loi martiale, c’est une Corée du Sud abasourdie qui l’a écouté. Déployer des soldats dans la capitale, fermer le Parlement, museler la presse… Des images d’un autre temps. La justification ? Une menace communiste nord-coréenne, brandie comme un bouclier idéologique. Mais ce coup de force a tourné court. Quelques heures plus tard, sous la pression des députés et des citoyens en colère, la mesure était abrogée. Yoon Suk Yeol a voulu montrer sa force ; il n’a révélé que sa faiblesse.
En Corée du Sud, la démocratie ne s’est jamais contentée des institutions. Elle vit dans la rue, dans les cris des manifestants, dans les rassemblements sous les banderoles. Ce sont ces mêmes rues qui ont vu tomber Park Geun-hye en 2017, sous le poids des scandales de corruption.
Aujourd’hui, les rues grondent à nouveau. Les citoyens, rejoints par la Confédération coréenne des syndicats, réclament la démission d’un président qu’ils jugent indigne de leur confiance.
Un président isolé
Même son propre camp lui tourne le dos. Le Parti du Pouvoir au Peuple, loin de le soutenir, se désolidarise. « Des comptes devront être rendus », a déclaré Han Dong-hoon, chef de la majorité. Une phrase qui résonne comme un prélude à l’abandon.
Quant à l’opposition, elle n’a pas tardé à réagir. Une motion de destitution est sur la table, prête à être votée. Si elle passe, ce sera un revers historique pour Yoon Suk Yeol, mais aussi un signal fort. En Corée du Sud, personne n’est au-dessus de la loi, pas même le président.
Une leçon pour les dirigeants
La situation actuelle est un rappel brutal que le pouvoir ne peut être exercé sans légitimité. Yoon Suk Yeol a peut-être voulu apparaître comme un leader fort, mais il a surtout montré qu’un dirigeant ne peut ignorer le pacte tacite qui le lie à son peuple, celui de la confiance.
Cette crise laisse un goût amer, mais elle porte aussi un message d’espoir. En Corée du Sud, la démocratie est vivante, vibrante, prête à se défendre contre ceux qui chercheraient à la détourner. Et c’est peut-être là, dans cette résistance collective, que réside la véritable force d’une nation.