À quelques jours des élections européennes, un débat inattendu a pris le devant de la scène politique grecque : le prix de la feta, symbole national et fromage le plus consommé du pays. Cette querelle entre le gouvernement et l’opposition illustre les préoccupations des citoyens face à l’augmentation du coût de la vie.
Le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis a récemment déclaré au Parlement que le prix de la feta était de 6,28 euros, sans spécifier le poids correspondant, déclenchant une vague de réactions.
Le leader de l’opposition, Stefanos Kasselakis du parti de gauche Syriza, a choisi de poursuivre cette bataille sur les réseaux sociaux, publiant une vidéo sur TikTok où il compare les prix de la feta dans divers supermarchés. Cette vidéo est rapidement devenue virale, accumulant 1,7 million de vues et alimentant les discussions sur les plateformes en ligne.
Le quotidien pro-gouvernemental Eleftheros Typos a qualifié cette polémique de « guerre de la feta ». Il rappelle que la Grèce produit environ 135 000 tonnes de feta chaque année, dont 60 % à 65 % sont exportés, générant des revenus d’environ 600 millions d’euros.
Les échanges houleux sur le prix de la feta – au Parlement et sur les réseaux sociaux – soulignent l’importance du coût de la vie, qui influencera le vote des Grecs lors des élections européennes du 9 juin
analyse le journal.
De son côté, le quotidien d’opposition Efsyn attaque la gestion du coût de la vie par le Premier ministre. « Où achetez-vous votre feta, Monsieur le Premier ministre ? » ironise le journal. « Face à son incapacité à lutter contre la vie chère, l’homme a multiplié les acrobaties pour essayer de nous convaincre que ce que nous voyions sur nos tickets de supermarché n’était pas ce que nous croyions. »
La situation économique en Grèce est en effet préoccupante. L’inflation a atteint une moyenne de 9,3 % en 2022, suivie de 4,4 % en 2023. Entre 2021 et 2022, le coût moyen de l’électricité a grimpé de 141 %. Le média de gauche News24/7 souligne que les prix mentionnés par le Premier ministre concernent souvent des paquets de 500 grammes ou des fromages de qualité inférieure.
Pour le site in.gr, ce débat ne répond pas aux véritables préoccupations des citoyens.
Ce combat de coqs insensé entre le Premier ministre et le chef de l’opposition ne répond pas au vrai problème du coût des produits de base. Dans un pays qui a traversé une période de mémorandums, puis la pandémie, suivie par une nouvelle crise économique, la population s’estime délaissée par la classe politique
regrette le média centriste.
Oikonomikos Tahydromos va plus loin en affirmant avec sarcasme que « si on a remarqué une chose pendant cette campagne, c’est qu’il est merveilleux d’être politicien en Grèce. » Le journal économique critique le fait que les politiciens se focalisent sur des débats superficiels sans s’attaquer aux solutions concrètes pour améliorer la production et réduire les coûts pour les consommateurs.