Alors que les feux des Jeux olympiques se sont éteints, les retombées pour l’économie française apparaissent plus temporaires que transformantes. La Banque de France, dans sa récente enquête de conjoncture, confirme une croissance en suspens pour la fin de l’année, stabilisée par un “contrecoup” post-JO. Entre une croissance timide et des incertitudes pesantes, le quatrième trimestre se dessine comme un moment de pause où le pays contemple les limites de son élan économique.
Les Jeux olympiques ont été un véritable « boost » cet été, offrant à la France une croissance de 0,4 % au troisième trimestre. Les recettes de billetterie, les droits de diffusion, et l’effervescence autour des événements sportifs avaient tout de l’élixir de jouvence. Mais, cet impact était éphémère. Une fois les athlètes partis et les gradins démontés, la réalité économique reprend ses droits. La Banque de France parle d’un effet boomerang estimé à -0,2 point de PIB pour le dernier trimestre. Le bilan post-JO amène ainsi la question : au-delà du prestige et de la stimulation temporaire, que reste-t-il réellement pour l’économie nationale ?
En octobre, l’industrie a montré des signes de résistance, tirée notamment par l’aéronautique et l’agroalimentaire, deux secteurs qui semblent bénéficier d’une demande soutenue. En revanche, le secteur automobile pâtit des vents contraires. La production de voitures électriques subit la pression de la concurrence chinoise et l’intérêt du public se tasse. Un paradoxe pour un secteur que l’on croyait voué à être le porte-drapeau de l’innovation verte. La dépendance de la France à des marchés globaux et à la compétitivité internationale expose alors une fragilité structurelle.
Du côté des services, la dynamique de rentrée paraît bien timide. L’enthousiasme olympique ne s’est pas prolongé dans les activités marchandes qui voient leur croissance marquer le pas. Dans le bâtiment, le gros œuvre bénéficie encore de la reprise de chantiers suspendus pendant les JO, mais cette tendance ne semble pas devoir durer au-delà de l’automne.
📢 L'enquête mensuelle de conjoncture de la #BanqueDeFrance est parue.
— Banque de France (@banquedefrance) November 13, 2024
4️⃣ infos à retenir :
🏭 En octobre, l’activité progresse dans les 3 grands secteurs, mais de façon ralentie dans les services marchands et transitoire dans le bâtiment
📊 En novembre, selon les… pic.twitter.com/OW4WKneNUA
Un climat d’incertitude omniprésent
Si les indicateurs économiques dessinent des nuances de gris, le sentiment d’incertitude est, lui, en net relief. Les entreprises, confrontées aux débats fiscaux et à un environnement politique imprévisible, évoquent la situation nationale comme un facteur d’angoisse. Le paysage international ajoute sa propre couche de complexité, entre le spectre des élections américaines et les tensions commerciales. Ce climat pèse sur les anticipations d’investissement et colore les perspectives d’une teinte prudente, voire alarmiste.
Inflation et emploi : des signaux encourageants, mais prudence…
Heureusement, la Banque de France annonce une “normalisation” de l’inflation. Après une année d’inquiétude, cet apaisement pourrait bien offrir une bouffée d’air frais aux consommateurs comme aux entreprises. Les difficultés de recrutement se font aussi un peu moins pesantes, signe que le marché de l’emploi commence à se stabiliser. Pourtant, ces avancées, bien que positives, restent fragiles dans un contexte où chaque bonne nouvelle semble porter un astérisque d’avertissement.
Un modèle économique à repenser ?
À l’heure où la France se retrouve face à une croissance faiblement positive et des incertitudes multiples, la question de la durabilité de son modèle économique se pose. Si les JO ont été une vitrine éphémère de prospérité, les structures économiques profondes restent en quête de réformes et de résilience. La sortie de cet effet temporaire offre au pays l’occasion de réfléchir à une croissance moins dépendante des grands événements et plus centrée sur des fondations solides, qu’il s’agisse d’innovation, de compétitivité ou de politiques industrielles fortes.