Alors que Marseille respire un semblant d’accalmie après une année 2023 marquée par une violence inouïe, les cicatrices de la guerre des gangs entre la DZ Mafia et le clan Yoda demeurent bien visibles. Avec 73% des homicides ou tentatives d’homicides liés au trafic de stupéfiants l’an passé, ce conflit a ensanglanté les quartiers sensibles de la seconde ville de France.
Le théâtre de cette tragédie est sans doute la Paternelle, comme le raconte nos confrères du Figaro. Un quartier emblématique des quartiers nord de Marseille. Les stigmates du vaste trafic de drogue, qui y sévissait depuis des années, sont encore visibles. Un tag rose sur un mur, portant le nom « Yoda », témoigne du territoire de ce gang impliqué dans une rivalité féroce avec la DZ Mafia, entraînant avec lui une trentaine de morts.
Le conflit, né à Marseille, trouve ses racines en Thaïlande, dans une discothèque sordide. Mehdi L., alias « le Tic », chef de la DZ Mafia, et Félix B., surnommé « le Chat », du clan Yoda, ont vu leurs rivalités s’enflammer après une provocation. Au cours d’une discussion animée, l’un des leaders est visé par des jets de glaçons, provoquant ainsi le déclenchement d’une bagarre générale. Depuis cet épisode, une vendetta a éclaté à la Paternelle et au-delà, avec des fusillades régulières et l’implication de véritables tueurs à gages.
L’année 2023 a été meurtrière ; pas moins de 49 morts et plus d’une centaine de blessés lors de fusillades liées au trafic de drogue. Cependant, depuis début 2024, les coups de feu ont curieusement cessé, soulevant des questions sur la nature de cette trêve. Les forces de police marseillaises ont contribué à l’arrestation de 138 membres des deux gangs, laissant penser que l’action des autorités a contribué à calmer le conflit.
L’origine de cette guerre entre les deux rivaux remonte à des contentieux bien antérieurs, notamment le procès en 2017 lié au triple meurtre de l’affaire du « barbecue marseillais », impliquant Mehdi L. et son frère. En prison, l’absence de ces figures a laissé place à Félix B., du clan Yoda, pour développer son influence dans la Paternelle.
La violence inouïe de ce conflit a pris des proportions absurdes, selon nos confrères du Figaro, avec des fusillades de kalachnikov, des attaques ciblées sur des jobbeurs (intermittents du trafic de drogue) et même l’emploi de tueurs à gages à l’étranger. Les forces de police ont réussi à neutraliser plusieurs commandos et à arrêter de nombreux membres des deux clans, mais le bilan humain et la tension persistante dans le milieu soulèvent des inquiétudes quant à l’avenir.
Selon certaines sources, le clan de la DZ Mafia aurait pris l’ascendant sur Yoda, expliquant peut-être l’apparente « accalmie ». Cependant, les observateurs avertissent que ce constat pourrait laisser la place à de nouveaux protagonistes, alimentant ainsi un cycle de violence qui semble malheureusement indissociable de l’histoire mouvementée de Marseille. Le Tic et le Chat, bien que se cachant actuellement hors de la ville, continuent apparemment de superviser leurs opérations. L’avenir de cette trêve fragile demeure plus qu’incertain.