Plus de 10.000 migrants ont débarqué en une semaine sur les côtes de l’île de Lampedusa, en Italie. Selon les premières informations venues de Rome, la plupart d’entre eux sont de jeunes hommes, qui viennent de pays dont les ressortissants bénéficient rarement du droit d’asile.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu en Italie, ce lundi 18 septembre, afin de faire le point sur la situation humanitaire à Lampedusa, en compagnie de Giorgia Meloni et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Sur TF1, le ministre a assuré ce mardi que la France aiderait l’Italie, mais qu’elle «n’accueillent pas de migrants qui viennent de Lampedusa».
Selon le locataire de Beauvau, «60% des migrants de Lampedusa» viennent de pays comme «la Gambie ou la Côte d’Ivoire», ou encore «le Cameroun ou la Tunisie». Des pays dont les ressortissants ne peuvent, en théorie, que rarement bénéficier du droit d’asile. Gérald Darmanin a ainsi précisé que la France n’accueillent que les demandeurs «persécutés dans leur pays» ainsi que les réfugiés politiques. «Il n’y a aucune raison qu’ils viennent, ils n’ont rien à faire en Europe», a-t-il affirmé concernant le reste des migrants.
Des jeunes hommes d’origine subsaharienne
Selon notre envoyée spéciale en Italie, Régine Delfour, seule journaliste de télévision française à avoir suivi un bateau effectuant la traversée, ce lundi 18 septembre, entre Lampedusa et Porto Empedocle en Sicile, l’essentiel des personnes avec qui elle a pu échanger plusieurs heures étaient de jeunes hommes. «Parmi ces migrants, il y en a qui fuyaient les conflits armés, la persécution en raison de leur orientation sexuelle et d’autres pour des raisons économiques», explique-t-elle.
Se trouvaient à bord 189 personnes, dont 10 femmes et trois enfants en bas âge de moins de 3 ans. La plupart d’entre eux étaient originaires d’Afrique subsaharienne, avec quelques Tunisiens, Marocains et Soudanais. Ces derniers auraient tenté la traversée pour des raisons économiques ou personnelles.
Plus globalement, s’il n’existe pas de base de données publique qui répertorie les profils et les origines individuelles de chaque migrant illégal qui débarque en Italie, et qu’il est par ailleurs très difficile pour les associations sur place d’effectuer un recensement précis basé sur des informations déclaratives, le ministère de l’Intérieur italien actualise régulièrement un registre qui répertorie les pays d’origine des migrants illégaux entrant dans le pays.
Selon cette source, les pays les plus représentés sont la Guinée (12%), la Côte d’Ivoire (11%), l’Égypte (9%), la Tunisie (7%), le Bangladesh (6%), le Pakistan (5%), le Burkina Faso (5%), la Syrie (4%), le Cameroun (4%), le Mali (3%). Viennent ensuite l’Érythrée (3%), la Gambie (2%), l’Afghanistan (2%), puis le Soudan, le Bénin, le Sénégal, le Nigeria et la Sierra Leone. Si le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont bien représentés, une majorité de migrants viennent effectivement d’Afrique subsaharienne.
Concernant le profil des migrants, les informations constatées par notre envoyée spéciale confirment l’impression qui ressort des nombreuses images publiées sur les réseaux sociaux : il s’agirait d’une grande majorité de jeunes hommes, accompagnés par quelques femmes et quelques enfants. Des données qui vont dans le sens de celles de l’agence européenne Frontex, publiées chaque année. Selon l’agence, 65% des migrants ayant traversé la Méditerranée en 2019 étaient des hommes adultes, pour 15% de femmes, et 20% de mineurs, dont une écrasante majorité de jeunes garçons voyageant seuls.
Pas d’asile en Europe, mais des renvois non exécutés
Sur la base de ces éléments, et notamment compte tenu des nationalités concernées, la plupart des migrants pourraient être déboutés de leur demande d’asile. Toutefois, les demandes seront tout de même étudiées. En effet, l’OFPRA octroie l’asile aux personnes persécutées en raison de leurs opinions politiques, de leur race, de leur nationalité, de leur religion ou de leur appartenance à un groupe social (être homosexuel par exemple), conformément à la Convention de Genève. Certains migrants arrivés à Lampedusa pourraient intégrer l’un de ces cas de figure.
Enfin, malgré la possibilité de rejet de la majorité des demandes d’asile, peu de migrants seront réellement renvoyés dans leur pays d’origine. En effet, la France n’a exécuté, selon les chiffres du Sénat, que 13,7% des OQTF en 2017, 12,6% en 2018, 12,2% en 2019 et 6,9% en 2020.