L’Arcom frappe encore, et cette fois-ci, ce sont deux chaînes bien connues des téléspectateurs, C8 et NRJ12, qui en paient le prix. Sous couvert de « diversification », l’autorité de régulation de l’audiovisuel vient d’offrir une belle leçon de bureaucratie à la française. Comment plomber le paysage audiovisuel tout en prétendant l’enrichir ?
Ouvrons le dictionnaire : « diversification » ? Synonyme : « plus de choix ». À l’Arcom, le mot semble signifier l’exact inverse. En privant la TNT de deux chaînes populaires et accessibles, l’autorité promet des « offres innovantes ». OFTV ? RéelsTV ? Avouons-le, même les plus curieux peinent à comprendre ce qu’apporteront ces nouveaux venus.
OFTV, une émanation de Ouest France, risque de ressembler à un journal télévisé permanent, sauf si vous aimez les débats sur la récolte des pommes en Bretagne. Quant à RéelsTV, propriété de Daniel Kretinsky, milliardaire aux ambitions bien huilées, on nous promet une télé « moderne ». Un catalogue Netflix de seconde zone, mais avec plus de pubs.
Pendant ce temps, C8 et NRJ12, qui jouent la carte du divertissement populaire, sont virées sans cérémonie. La diversité, mais sans le peuple. Soyons honnêtes, ni C8 ni NRJ12 ne sont des modèles de vertu culturelle. Si Cyril Hanouna et son émission « Touche Pas à Mon Poste » fascine plus qu’il agace, NRJ12 et ses téléréalités dégoulinantes de clichés n’est pas un temple de la finesse.
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Mais soyons sérieux : est-ce vraiment un critère ? Depuis quand la TNT est-elle réservée à l’élite ? L’audiovisuel public n’est-il pas déjà là pour servir l’intellect et la culture ? En réalité, C8 et NRJ12 jouent un rôle essentiel ; celui de divertir. Et leurs audiences solides prouvent qu’elles remplissent cette mission mieux que quiconque.
L’Arcom leur reproche-t-elle d’être trop populaires ? Trop accessibles ? Trop « vulgarisantes » ? Peut-être que la vraie faute de ces chaînes est de ne pas parler aux « élites » qui peuplent les bureaux feutrés du régulateur.
L’Arcom gouverne l’audiovisuel comme un concours administratif. Qui coche le mieux les cases ? Qui rédige le dossier le plus propre ? Peu importe que les téléspectateurs plébiscitent les chaînes sortantes, on les remplace par des projets certes bien ficelés sur le papier, mais qui peineront à captiver le grand public.
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— Cyril Hanouna (@Cyrilhanouna) December 2, 2024
En agissant ainsi, l’autorité publique française envoie un message clair. L’avis des Français ne compte pas. Ni les pétitions (un million de signatures pour C8 ? À la poubelle !), ni les campagnes de soutien, ni même les habitudes de millions de téléspectateurs ne pèsent dans la balance.
Avec cette décision, l’Arcom complique la vie d’un paysage médiatique déjà fragilisé. La TNT, bastion de l’accessibilité gratuite, perd deux piliers de son succès. En échange ? Une expérimentation incertaine qui pourrait bien transformer ces nouvelles chaînes en coquilles vides faute de public.