Le Nouveau Front Populaire (NFP) a créé la surprise en s’imposant au second tour des élections législatives avec 182 sièges. Une victoire célébrée comme il se doit par les électeurs de gauche, mais qui laisse entrevoir des défis colossaux pour cette coalition fragile et hétéroclite.
Dimanche soir, la place de la République à Paris est devenue le théâtre d’une célébration historique. Des milliers de partisans du NFP se sont rassemblés pour exprimer leur joie.
Initialement quelques centaines, ils ont rapidement été rejoints par des manifestants enthousiastes, transformant la place en une mer humaine de drapeaux palestiniens et de chants. Pendant quatre heures, l’ambiance était électrique : fanfares, feux d’artifice et cris de victoire ont rythmé la nuit.
Parmi les nombreux participants, Carole, infirmière et mère de trois enfants, a partagé son immense soulagement :
Cela aurait représenté le chaos si jamais le Rassemblement National passait. On avait extrêmement peur de toutes ces lois contre l’immigration et contre le fait de ne pas pouvoir soigner les gens sans-papiers. Je suis ravie de me coucher ce soir en me disant que ma France ne sera pas celle de Marine Le Pen.
Ce sentiment de délivrance était palpable chez beaucoup, marquant une nette opposition aux idées du RN.
La nuit festive n’a cependant pas été sans accroc. Des heurts ont éclaté lorsque des projectiles ont été lancés contre les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Les affrontements ont continué sporadiquement dans les rues adjacentes après minuit, mais le gros des manifestants a quitté la place dans le calme, fatigué mais déterminé.
L’euphorie de la victoire laisse désormais place à une période de réflexion cruciale pour le NFP. Composé d’une mosaïque de partis et de sensibilités, l’alliance devra surmonter des divergences idéologiques profondes pour gouverner efficacement. Les questions décisives sur le leadership et la répartition des rôles au sein de la coalition sont déjà sur la table. Qui dirigera ? La France Insoumise ou le Parti Socialiste ? Quelle sera la place de Jean-Luc Mélenchon ? Les discussions, entamées dès la nuit des résultats, s’annoncent tendues.
En parallèle, la majorité présidentielle, bien que deuxième au classement, a vu l’annonce de la démission de Gabriel Attal.
Ce soir, la formation politique que j’ai représentée dans cette campagne, quand bien même elle a réalisé un score trois fois supérieur à ce qui était prédit ces dernières semaines, ne dispose pas d’une majorité. Ainsi, fidèle à la tradition républicaine et conformément à mes principes, je remettrai demain matin ma démission au président de la République
a-t-il déclaré depuis Matignon, mettant fin à une campagne électorale marquée par des manipulations et des mensonges.
Pour le Rassemblement National, la défaite n’en est pas une. Terminant à la troisième place, le parti de Marine Le Pen doit maintenant réfléchir aux prochaines élections présidentielles. Un « boulevard » s’offre au parti de droite.