Quatre mois après avoir paralysé la France avec leurs manifestations, les agriculteurs reprennent la rue. Ce lundi, près de 5.000 personnes sont attendues pour manifester, réparties entre le sud de la France et l’Espagne. Ce mouvement transfrontalier illustre la grogne européenne à l’approche des élections.
En février dernier, les agriculteurs français avaient bloqué des dizaines de routes et d’autoroutes en province pour dénoncer la paupérisation de leur métier et les contraintes normatives. Ce mouvement avait culminé avec une manifestation massive à Paris durant le Salon de l’Agriculture, perturbant les principales artères de la capitale.
Quatre mois plus tard, malgré leur retour aux fermes, la colère des agriculteurs reste intacte. Le projet de loi d’orientation agricole, adopté à l’Assemblée nationale mardi dernier, n’a pas répondu à toutes leurs attentes, notamment sur les questions foncières et de revenu. En réaction, la mobilisation reprend dans les Pyrénées-Orientales. La Coordination Rurale s’est cette fois-ci alliée à un syndicat espagnol, marquant une rare unité transfrontalière.
Les organisateurs, restés évasifs sur le déroulement précis des opérations, prévoient la participation de 3.000 agriculteurs français et 2.000 espagnols. La mobilisation a commencé en milieu de matinée sur sept points de blocage en Occitanie, incluant les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne, l’Ariège et surtout les Pyrénées-Orientales, à la frontière espagnole. L’objectif est de démontrer la convergence des luttes agricoles, indépendamment des frontières nationales.
On va leur montrer la force de la mobilisation franco-espagnole. Par solidarité, on se mobilise tous ensemble et surtout, à une semaine des élections européennes, on se mobilise pour montrer aux députés qu’on sera toujours présents, que le monde agricole sera là
a déclaré Jérôme Bayle, leader des manifestations de l’hiver dernier.
La mobilisation franco-espagnole est prévue pour durer 24 heures. Bien que ponctuelle, cette action est un avertissement : si les revendications ne sont pas entendues, la grogne pourrait s’étendre à toute l’Europe. Les agriculteurs espèrent ainsi attirer l’attention des députés européens et obtenir des réponses concrètes à leurs demandes.