Gérald Darmanin ne cache plus ses ambitions en vue de l’élection présidentielle de 2027. Mais au sein de son camp, l’offensive médiatique menée en ce mois d’août 2023 par le ministre de l’Intérieur fait débat.
Difficile, en cette fin d’été, de ne pas voir Gérald Darmanin. Depuis plusieurs semaines, celui qui a réalisé sa rentrée politique dans son fief à Tourcoing (Nord) enchaîne apparitions médiatiques et déplacements sur le terrain, sur fond d’ambitions pour 2027.
Mi-août, dans une interview donnée au Figaro, le ministre de l’Intérieur ne cachait déjà plus ses ambitions. « Ce qui m’intéresse, ce n’est plus de regarder ce qu’il s’est passé en 2017 et 2022. Ce qui m’inquiète maintenant, c’est ce qui se passera en 2027 », annonçait-il, tout en critiquant les « techniciens »; qui utilisent « des mots que les Français ne comprennent pas toujours », et la « gauche bobo-libérale » représentée au sein du gouvernement.
Est venu ensuite le soutien fracassant de Nicolas Sarkozy, qui voit en lui « des qualités évidentes » et en fait son poulain en vue de la prochaine élection présidentielle. « Il rebat les cartes », écrit l’ancien président dans la seconde partie de ses mémoires, Le Temps des combats. « Gérald Darmanin passe du perdant à celui qui est en capacité de devenir présidentiable. »
Jeudi soir, le locataire de la Place Beauvau insistait une nouvelle fois dans les colonnes de La Voix du Nord . « Le fait est que dans cinq ans, une victoire de Madame Le Pen est assez probable. Face à cela, il ne nous faudra qu’une ou un candidat. Et que nous ne nous fondions pas seulement sur les gagnants de la mondialisation et les élus des centres-villes, car ça ne fait pas 51 % des voix », déclare le ministre.
« Les idées doivent passer avant les égos »
Un tropisme élyséen qui fait réagir au sein de la majorité. « On est en 2023, on prépare 2024 et 2027, c’est bien loin », a déclaré Élisabeth Borne le mercredi 23 août, interrogée par France Bleu sur les ambitions de son ministre de l’Intérieur. Dans Le Parisien vendredi dernier, Stéphane Séjourné, le secrétaire général du parti présidentiel Renaissance, lance lui que « les idées doivent passer avant les égos ».
Un macroniste historique s’agace : « Il explique, en gros : “Préparons 2027” et “Le président ne sait pas parler aux Français”. Il est gonflé ! ». Une idée reprise par François Patriat, patron des sénateurs Renaissance, selon Le Monde . « Il veut faire à Macron ce que Sarkozy a fait à Chirac, saper son autorité. C’est lamentable ». « Ouvrir un front intérieur dans la majorité, c’est la plus mauvaise des choses que l’on pouvait faire », regrette encore un important dirigeant du camp présidentiel, qui s’agace de « la constitution d’un courant sarkozyste au sein de la majorité ».
Gérald Darmanin plus convaincu que jamais
Mais, conscient d’être la cible de critiques, le ministre de l’Intérieur contre-attaque. « Je n’ai hérité d’aucune ville, d’aucune circonscription, je ne suis pas élu sur une liste à la proportionnelle. Je suis, c’est vrai, différent : d’origine modeste et issu de l’immigration, cela gêne peut-être », répond-il à Stéphane Séjourné, toujours dans les colonnes du Parisien. Ce lundi 28 août, le locataire de la Place Beauvau a démarré sa rentrée politique à Tourcoing (Nord), à laquelle s’est invitée in extremis Élisabeth Borne.
Entouré d’une centaine de parlementaires et d’une dizaine de ministres, Gérald Darmanin entend bien montrer l’étendue de ses soutiens, malgré les critiques. Au programme de l’après-midi : travail, écologie et sécurité. Presque un slogan de campagne.