Une chaleur accablante continue de s’étendre sur l’hémisphère nord, en particulier sur le sud de l’Europe, la Chine et les États-Unis. Un phénomène préoccupant, modélisé par plusieurs cartes thermiques sur lesquelles les couleurs tirent de plus en plus vers le violet.
Le mercure ne retombe pas : l’hémisphère nord rentre dans une nouvelle semaine placée sous le signe d’une chaleur écrasante. Les températures devraient dépasser les 40 degrés en Italie et en Espagne, avec jusqu’à 48 degrés attendus en début de semaine en Sardaigne. Elles ont atteint un record pour une mi-juillet en Chine avec 52,2 degrés enregistrés dimanche, tandis que la Californie se prépare à voir le thermomètre afficher 54 degrés.
Un emballement modélisé sur plusieurs cartes thermiques, sur lesquelles le rouge vif ne suffit plus pour traduire l’intensité de ces vagues de chaleur, largement accentuée par le changement climatique.
En Europe, sur la côte sud de l’Italie, en Grèce et dans les terres du sud de l’Espagne, la couleur rouge, symptomatique d’une forte chaleur, laisse place à du violet, qui figure dans la dernière tranche de l’échelle de couleur, marquant les températures les plus extrêmes prévues par la colorimétrie. Sur la carte de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), publiée lundi 17 juillet, on distingue plusieurs étendues pourpre et mauve, là où le mercure approche les 40 degrés.
Mediterranean countries continue to bake in an intense heatwave, and temperature records may be broken. Heed the warnings and advice from national meteorologists to stay safe. Map via @CopernicusECMWF #StateOfClimate
— World Meteorological Organization (@WMO) July 17, 2023
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Plus au sud, au niveau de l’Afrique du Nord, mais aussi à l’est, dans la région de l’Asie centrale, ces vagues violettes recouvrent de larges pans de territoire, et tirent vers le mauve clair, signe que les températures ont franchi le seuil des 40 degrés.
D’après une carte créée par le site indépendant Meteociel, cette vague violette devrait gagner du terrain mardi dans le sud de l’Europe, avec des pics jusqu’à 42 degrés, signalés par un mauve tirant au blanc, attendus par exemple dans le sud de l’Espagne, la côte méditerranéenne française et l’intérieur de l’Italie. La surface violette se maintient par ailleurs sur l’Afrique du Nord et le Proche-Orient.
⚠ Cette image ne choque personne ? Il s'agit des températures prévues mardi sur une partie de l'Hémisphère Nord. L'échelle de couleurs est insuffisante tant la ##canicule est extrême. Des 50°C probables et une étendue torride qui dépasse l'entendement ! 😭 pic.twitter.com/a4uF596UNf
— Anthony Grillon 🌪 (@AnthoGrillon) July 16, 2023
À l’échelle mondiale, on observe ces mêmes parcelles tirant au pourpre et au mauve clair aux États-Unis, dans la dernière carte en date générée par l’OMM le 13 juillet dernier. La Vallée de la mort subit déjà une forte hausse des températures, qui frôlent les 54°C, très proche du record mondial à 54,4°C déjà arraché par cette région de la Californie. Plus largement, tout le sud-ouest des États-Unis survit sous une chaleur suffocante, qui menace près de 110 millions d’Américains.
Sur certaines cartes, les températures les plus extrêmes sont remplacées par des couleurs noires. La semaine passée, l’observatoire européen Copernicus avait partagé une modélisation réalisée par satellite de la température enregistrée au sol en Espagne : le 11 juillet dernier, la région d’Estrémadure, dans le sud-est du pays, apparaissait ainsi complètement noircie, signe que le thermomètre affichait plus de 60 degrés. Un chiffre à distinguer toutefois de la température dans l’air, qui atteignait tout de même près de 40 degrés ce jour-là, selon la presse espagnole.
« J’ai cassé mon tableau de couleurs »
L’intensité grandissante des vagues de chaleur et des canicules interroge certains météorologistes, qui craignent d’être déjà pris de court et de devoir revoir leurs échelles de colorimétrie pour représenter ces phénomènes. « J’ai cassé mon tableau de couleurs », témoignait par exemple la semaine passée Ryan Maue, un météorologiste américain sur Twitter, tandis qu’il tentait de modéliser une canicule marine au large de la Floride. Alors que la température de l’eau grimpait jusqu’à 35°C, son échelle n’intégrait qu’un maximum possible de 34,2 degrés, basculant du marron au beige.
Certains spécialistes soulignent toutefois qu’une modification de la colorimétrie ne changerait rien à la réalité des mesures, particulièrement préoccupante. L’an passé, la Nasa a créé une animation qui dévoilait à quelle vitesse la colorimétrie des cartes de chaleur a évolué au fil des décennies sous l’influence du changement climatique.
Dans les années 1880, l’ensemble du globe baignait dans une vague bleutée, à l’exception de quelques régions, puis des étendues jaunes se sont faites de plus en plus nombreuses, avant de basculer au cours de la dernière décennie dans le rouge vif dans l’hémisphère nord en particulier, signalant que le mercure a atteint dans ces régions deux degrés de plus par rapport à la température moyenne à la fin du XIXe siècle.