Le ballet des dromadaires sur la plage de Frontignan a quelque chose de surréaliste. Sous un soleil éclatant, Lili et Touareg, les deux vedettes de Dromasud, avancent tranquillement, des sacs accrochés à leurs flancs, prêts à recevoir les déchets des vacanciers. Ce spectacle, inhabituel pour une plage méditerranéenne, cache une initiative innovante et écoresponsable.
Coralie Le Meur, co-fondatrice de Dromasud, nous accueille avec un sourire radieux : « Les dromadaires attirent l’attention. Ils jouent les médiateurs entre les humains et la nature. » Et cela fonctionne à merveille. Les vacanciers, d’abord intrigués puis amusés, participent avec enthousiasme. Luc Rivière, vacancier régulier, ne cache pas son étonnement : « C’est épatant. Voir des dromadaires ici, ça motive vraiment à garder la plage propre. »
Depuis 2023, tous les quinze jours, Frontignan transforme son littoral en terrain d’éducation écologique. Une fois par quinzaine, les dromadaires de Dromasud déambulent sur la plage, suscitant l’émerveillement des enfants et l’intérêt des adultes. Jean-Louis Molto, élu municipal, se félicite de cette initiative : « L’objectif est ludique. Nous voulons sensibiliser dès le plus jeune âge au tri des déchets. »
La démarche chaloupée de Lili et Touareg ne passe pas inaperçue. Les enfants, souvent les plus réceptifs, courent à la rencontre des animaux, les yeux brillants de curiosité. « Je n’en avais jamais vu! » s’exclame une petite fille en maillot de bain rose. Sa copine ajoute, avec un éclat de rire : « Il ne sent pas bon ! » Cette interaction directe avec les animaux rend la leçon d’écologie d’autant plus mémorable.
Mais derrière cette apparente simplicité se cache une organisation bien rodée. Une fois les sacs remplis, Coralie et son équipe accompagnent les dromadaires vers les conteneurs de tri situés en bordure de plage. « Avant, nous avions des poubelles directement sur la plage, » explique Jean-Louis Molto. « Mais les goélands faisaient des ravages. Déplacer les poubelles et ajouter le tri sélectif était indispensable. »
Les bénéfices de cette initiative sont multiples. Outre la sensibilisation des vacanciers, elle offre une seconde vie aux dromadaires, souvent perçus comme des animaux exotiques et inaccessibles. « Le dromadaire est parfaitement adapté à cette tâche, » souligne Cécile Le Meur, cofondatrice de Dromasud. « Il consomme peu d’eau, supporte la chaleur et marche aisément dans le sable. »
En fin de journée, après avoir parcouru les sept kilomètres de plage, Lili et Touareg retournent à la ferme, leurs sacs désormais vides. « C’est une satisfaction pour nous tous, » confie Coralie. « Tout le monde se sent utile et engagé dans cette aventure. »
Cette initiative exemplaire montre qu’avec un peu d’originalité et une bonne dose de passion, il est possible de transformer une simple journée à la plage en une leçon de vie écoresponsable. Alors, la prochaine fois que vous verrez un dromadaire à Frontignan, n’oubliez pas : il est là pour vous rappeler que chaque geste compte.