Emmanuel Macron a entamé ce lundi une visite de trois jours dans la deuxième ville de France pour lancer l’acte II du plan « Marseille en grand », avec une première journée largement consacrée au thème de la sécurité. Le président a notamment annoncé plusieurs mesures contre le trafic de drogue.
Comme en 2021, où il était déjà resté trois jours, un record dans l’agenda présidentiel, Emmanuel Macron est à Marseille jusqu’à mercredi pour lancer la deuxième phase du plan « Marseille en grand » : une enveloppe d’au moins cinq milliards d’euros pour renforcer les effectifs de police, rénover les écoles, améliorer l’habitat et développer les transports.
Pour cette nouvelle visite, son agenda est chargé. Accompagné de plusieurs ministres, le président de la République va enchaîner les visites et les thématiques.
Alors que deux adolescents ont encore été victimes dimanche d’une fusillade près d’un point de deal des quartiers nord et que 23 personnes ont été tuées dans la ville depuis le début de l’année sur fond de trafic de drogue, cette journée de lundi était largement consacrée à la sécurité.
Emmanuel Macron a été accueilli à l’Hôtel de ville en fin de matinée par Benoît Payan, le maire de Marseille, et a salué plusieurs élus locaux, qu’il a accusé dans les colonnes de La Provence, sans les citer nommément, de « procrastiner ».
Le président s’est ensuite rendu à l’Évêché, siège de la police judiciaire, puis sur le chantier d’extension de la prison des Baumettes, qui doit en faire le troisième centre pénitentiaire de France par sa capacité avec 743 places à l’horizon 2025.
Des mesures contre le trafic de drogue
Sur place, il a assuré que les engagements promis en matière de sécurité étaient tenus, avec notamment le renfort de quelque 330 policiers, 11 enquêteurs, trois compagnies de CRS et 32 magistrats à Marseille. Il a lancé un « appel à la responsabilité collective » visant les consommateurs de drogues, qui légitiment le trafic :
On ne peut pas déplorer les enfants qui sont tués dans les quartiers, l’économie et la violence qui vont avec les stups, et glorifier la consommation récréative de stupéfiants. S’il y a plus de commerce c’est qu’il y a plus de clients… Cette responsabilité collective, c’est un tout : on ne peut pas trouver sympathique certaines pratiques si on en déplore les conséquences
a insisté le chef de l’État.
Pour protéger les jeunes des dealers, il a annoncé « la création d’un module de prévention de l’entrée dans les trafics, dont bénéficieront 50 collèges et lycées dès la rentrée prochaine ».
Et pour renforcer la présence policière sur le terrain, le président souhaite pérenniser dès cet automne à Marseille le déploiement de la CRS 8, unité d’élite de la police nationale spécialisée dans le maintien de l’ordre et les violences urbaines, et renforcer la sécurité sur le grand port maritime, avec des contrôles accrus.
Des rencontres avec les habitants des quartiers
Emmanuel Macron est ensuite allé dans le quartier des Campanules (11e arrondissement) qui s’était mobilisé en début d’année contre l’installation d’un point de deal. Dans un bain de foule savamment chorégraphié, il a longuement échangé avec les habitants, enchainant les poignées de main et les selfies. Il a proposé à une maman inquiète du quartier une variante de son célèbre « Je traverse la rue et je vous trouve un travail » à la sauce marseillaise : « Je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu’il y a dix offres d’emploi ». Il s’est ensuite isolé pour rencontrer des familles endeuillées par les règlements de comptes.
En fin d’après-midi, le chef de l’État devait aborder le thème de l’aménagement urbain dans un gymnase de la Busserine (14e arrondissement). Il est attendu par 400 personnes, essentiellement des membres d’associations de quartiers, pour échanger « façon grand débat ».
Plusieurs annonces déjà dévoilées
Plusieurs mesures développées par le président lors de ce déplacement à Marseille ont déjà été dévoilées dans la presse : le paiement immédiat des amendes forfaitaires pour consommation de cannabis « par carte bancaire ou en liquide », la généralisation de l’accueil garanti de 8h à 18h dans tous les collèges REP+ de France, ou le doublement de la subvention d’État de 256 à 500 millions d’euros pour les transports marseillais.
Pas de « casserolade » pour le président
Si côté mairie, tout un quai du Vieux-Port a été bloqué dans la matinée pour éviter toute manifestation, les syndicats et l’opposition entendaient profiter de la visite du président pour faire entendre leurs voix. Mais chaque étape d’Emmanuel Macron était accompagnée de renforts policiers empêchant toute expression hostile au chef de l’État.
La CGT avait notamment appelé à un rassemblement devant la préfecture en fin de journée. Quelque 200 personnes se sont rassemblées, a constaté un reporter de France Bleu Provence.
Un aréopage de ministres
Pour ce déplacement, Emmanuel Macron est accompagné de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, François Braun, ministre de la Santé, Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports, Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, et Patricia Miralles, secrétaire d’État chargée des anciens combattants et de la mémoire. Le conseil des ministres se tiendra d’ailleurs ce mercredi en visioconférence depuis Marseille.