Il est des moments où les artifices ne suffisent plus. Jeudi dernier, Emmanuel Macron a pris la parole face aux Français, une énième fois, avec ce ton solennel qu’il affectionne tant. Mais sous le vernis présidentiel, c’est un homme acculé qui est apparu, un président débordé par les crises qu’il prétend gérer, pris au piège d’un pouvoir qu’il refuse de partager et d’une République qu’il s’évertue à dénaturer.
La démission de Michel Barnier, son Premier ministre, n’est pas un incident isolé. C’est un symptôme de l’effondrement progressif d’un système où tout repose sur la volonté d’un seul homme. Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron a concentré les pouvoirs entre ses mains, marginalisant le Parlement, méprisant les corps intermédiaires et ignorant la colère des citoyens. L’homme qui promettait un « nouveau monde » gouverne comme un monarque éclairé d’un autre siècle, déconnecté des réalités du pays qu’il prétend incarner.
À écouter Emmanuel Macron, ce sont toujours les autres qui sont responsables. L’opposition, qu’il qualifie implicitement d’obstructionniste ; les syndicats, qu’il ignore systématiquement ; ou encore les Français eux-mêmes, qu’il accuse d’être incapables de comprendre la complexité de ses réformes. Jamais une remise en question, jamais un mea culpa.
Cette arrogance, qui a marqué chacune de ses interventions, culmine désormais dans son incapacité à entendre la colère populaire. Les mouvements sociaux, qu’ils concernent les retraites, la santé ou le pouvoir d’achat, sont balayés d’un revers de main par un président persuadé d’avoir toujours raison. Cette posture, qui frôle l’autisme politique, n’est pas seulement irritante, elle est aussi dangereuse. En méprisant les signaux d’alerte, Emmanuel Macron alimente un ressentiment profond qui fragilise nos institutions et nourrit les extrêmes.
La démocratie en péril
Mais là où Emmanuel Macron franchit une ligne rouge, c’est dans sa tentative permanente de délégitimer ses opposants. S’opposer à lui serait, selon ses termes implicites, « irresponsable », « illégitime », voire « dangereux pour la République ». Cette rhétorique, bien rodée, vise à disqualifier toute contestation, à enfermer l’opposition dans une caricature et à réduire le débat démocratique à un monologue présidentiel.
Ce procédé n’est pas seulement indécent, il est antidémocratique. Quand un président considère que ses choix ne peuvent être remis en cause, il ne gouverne plus, il impose. Cette dérive autoritaire, que certains appellent déjà « le syndrome Bonaparte », est une menace pour notre République.
La France à la dérive
Pendant qu’Emmanuel Macron se regarde dans le miroir de ses certitudes, le pays sombre. Les services publics s’effondrent, les inégalités se creusent, et la défiance envers les institutions atteint des sommets. Le président, pourtant prompt à rappeler son attachement à la « République en marche », semble totalement immobile face à ces défis.
Au lieu de construire des solutions durables, il se contente d’effets d’annonce et de mesures ponctuelles, sans jamais attaquer les problèmes structurels. La démission de Michel Barnier, loin de marquer un renouveau, est simplement un épisode supplémentaire dans une série de crises qui montrent une chose. Emmanuel Macron gouverne sans cap, sans vision et sans équipe.
Isolé
Aujourd’hui, Emmanuel Macron est seul. Seul face à une opposition qu’il méprise mais qui gagne en légitimité. Seul face à un peuple qui ne croit plus en lui. Seul face à un système qu’il a lui-même verrouillé, et dont il est désormais le prisonnier.
Emmanuel Macron n’est pas le sauveur qu’il prétend être. Il est le symptôme d’une République malade, où le pouvoir est confisqué par une élite déconnectée, où le débat démocratique est asphyxié et où l’arrogance a remplacé la responsabilité.