La nouvelle est tombée comme une bombe ce jeudi. La Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, et le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif. Une décision qui, sans surprise, suscite des réactions divisées.
Ces mandats d’arrêt sont sans équivoque : crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Des accusations graves, reposant sur des événements récents du conflit israélo-palestinien, notamment les frappes à Gaza et les attaques menées depuis octobre 2023. En les dévoilant, la CPI espère marquer un tournant, non seulement pour les victimes, mais aussi pour l’idée que même les plus puissants ne sont pas au-dessus des lois.
Mais cette initiative, bien que symbolique, pose une question essentielle. La justice internationale a-t-elle vraiment le pouvoir d’agir dans un tel contexte ? Israël ne reconnaît pas la juridiction de la CPI, tout comme les États-Unis ou la Russie. Autrement dit, ces mandats risquent de rester lettre morte, sauf si des États tiers prennent le risque de provoquer une crise diplomatique en arrêtant les accusés.
Pour Israël, cette décision est une attaque directe contre sa souveraineté et son droit à se défendre. Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, n’a pas hésité à fustiger la CPI, l’accusant de jouer dans les mains des « extrémistes ». Ses mots sont durs, mais révélateurs d’une réalité. Pour Israël, la justice internationale est perçue comme partiale, toujours prompte à condamner ses actions tout en fermant les yeux sur celles de ses adversaires.
Cette critique, bien que discutable, trouve un écho auprès de nombreux observateurs qui pointent du doigt les limites d’une justice perçue comme politisée. Si la CPI veut être crédible, elle devra prouver qu’elle ne cible pas un camp plutôt qu’un autre. En émettant également un mandat contre Mohammed Deif, la Cour tente de répondre à cette critique, mais cela suffira-t-il à apaiser les tensions ?
Le Hamas jubile
Du côté du Hamas, la réaction est tout autre. L’organisation qualifie ces mandats de « première étape vers la justice ». Mais cet enthousiasme soulève une question troublante. Peut-on réellement parler de justice lorsque le camp qui se réjouit n’a lui-même jamais hésité à bafouer les droits de l’homme ? Mohammed Deif, figure controversée, est accusé de crimes de guerre tout aussi graves que ceux reprochés aux dirigeants israéliens. Si la CPI espère apparaître comme impartiale, elle devra démontrer qu’elle est capable de tenir les deux camps responsables.
Un message clair, mais à quel prix ?
En émettant ces mandats, la CPI envoie un message clair. Nul n’est intouchable. Mais à quoi bon ce message si ses décisions restent inapplicables ? Les victimes, elles, ne veulent pas de symboles, elles veulent des réponses, des réparations et surtout, des actions concrètes.
Dans un monde où la géopolitique prime souvent sur la justice, la CPI marche sur une corde raide. Son geste, aussi audacieux soit-il, pourrait bien se retourner contre elle, alimentant un sentiment d’impuissance face aux crimes des puissants.