Le cabinet de conseil McKinsey qui, entre deux recommandations pour optimiser une chaîne logistique ou réduire les effectifs d’une entreprise, s’est apparemment trouvé un autre talent, celui d’améliorer les marges… des dealers en costume-cravate. Bien sûr, on parle ici des laboratoires pharmaceutiques, pas des petits trafiquants de coin de rue. Mais quand on observe l’ampleur de la crise des opioïdes aux États-Unis, la nuance devient floue.
Petit rappel des faits. Depuis 1999, les opioïdes ont tué 600 000 Américains. Ces médicaments, censés soulager les douleurs, se sont vite transformés en piège mortel pour des millions de personnes. Une épidémie orchestrée, en partie, par le laboratoire Purdue Pharma avec son OxyContin, vendu comme « miraculeux ». Et qui était là, dans les coulisses, pour affûter les arguments marketing, identifier les cibles vulnérables et maximiser les ventes ? Bingo : McKinsey.
Avec la froideur d’un chirurgien opérant sans anesthésie, le cabinet aurait aidé Purdue à vendre toujours plus, toujours plus fort, même après que les signaux d’alarme sur les dangers de ces produits se sont transformés en sirènes hurlantes. Plus l’addiction se répandait, plus les profits montaient en flèche.
Aujourd’hui, McKinsey sort son carnet de chèques comme on sort la naphtaline pour masquer une vieille odeur de scandale. Dernier épisode en date, un accord de 650 millions de dollars signé avec le gouvernement américain pour éviter un procès pénal. Ajoutez à cela les 640 millions réglés en 2021 et les 230 millions d’octobre 2023, et on atteint un joli pactole dépassant 1,5 milliard de dollars. Une bagatelle, comparée aux vies détruites, mais probablement vu comme un « coût des affaires » dans leurs présentations PowerPoint.
Visiblement, McKinsey promet de ne plus conseiller les fabricants d’opiacés. C’est un peu comme si le pyromane promettait de ne plus toucher aux allumettes… après avoir cramé la forêt entière.
Un palmarès d’indécence à toute épreuve
Ce n’est pas la première fois que McKinsey se trouve au cœur d’un scandale. Entre leur rôle dans la crise financière de 2008 et les enquêtes ouvertes en France pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, on se demande s’il y a une ligne que ce cabinet ne franchirait pas ? Leur credo semble être : « Si c’est légal, faisons-le. Si ça ne l’est pas, voyons combien ça coûtera de ne pas se faire attraper. »
Et puis, il y a ces accusations d’implication dans les campagnes électorales d’Emmanuel Macron. Mais chut ! Pas trop fort. McKinsey est partout, mais surtout là où les choses se négocient dans l’ombre.
La morale contre les milliards : devinez qui gagne ?
La grande question est pourquoi ces affaires ne les coulent-elles pas ? Peut-être parce que les entreprises et les gouvernements qui dénoncent McKinsey sont souvent les premiers à faire appel à eux pour régler leurs propres affaires. Comme un pompier pyromane, McKinsey sait éteindre les incendies qu’il a parfois lui-même aidé à allumer.
En attendant, le cabinet encaisse, signe des chèques, et poursuit son chemin. Après tout, la réputation est un luxe que seuls les petits acteurs ne peuvent pas se permettre de perdre. Les géants, eux, s’en moquent. Ils savent que l’argent finit toujours par faire taire les scandales.