Sous pression croissante en Europe, Meta, la maison-mère de Facebook, a annoncé mardi une nouvelle mesure pour apaiser les autorités européennes : offrir aux utilisateurs la possibilité de recevoir des “publicités moins personnalisées”. Cette initiative intervient plus d’un mois après un arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) qui impose des limites strictes à l’utilisation des données personnelles par le géant américain.
Le 4 octobre dernier, la CJUE a en effet statué que Meta ne pouvait exploiter les données personnelles issues de ses plateformes ou collectées auprès de tiers sans respecter les restrictions imposées par le RGPD, notamment le principe de minimisation des données. Cette décision résulte d’une affaire initiée en 2011 par l’activiste autrichien Max Schrems, qui accusait Meta de cibler des publicités en utilisant des informations sensibles, sans son consentement explicite.
Dans son communiqué, Meta précise que les utilisateurs européens pourront bientôt limiter la personnalisation de leurs publicités, celles-ci étant adaptées uniquement en fonction du contenu consulté durant une session particulière sur ses réseaux sociaux. Cependant, des données comme l’âge, le sexe et la localisation continueront d’être utilisées, et certaines publicités resteront non-skipables pendant quelques secondes. Meta prévoit également de réduire le prix des abonnements sans publicité d’environ 40 % pour les utilisateurs européens.
Cette initiative marque un geste envers les autorités européennes, mais reste sous surveillance. Anu Talus, présidente du Comité européen de protection des données (CEPD), a salué cette démarche tout en précisant qu’une évaluation approfondie est nécessaire. “Le nouveau modèle relève de la seule responsabilité de Meta et n’a pas été validé par la Commission”, a ajouté un porte-parole de l’UE, insistant sur l’urgence de voir Meta se conformer entièrement aux directives du RGPD.
Une accumulation d’amendes pour non-conformité
Cette nouvelle mesure s’ajoute à une série de sanctions et d’amendes infligées à Meta en Europe. En septembre dernier, l’entreprise a été condamnée à une amende de 91 millions d’euros pour des failles de sécurité concernant le stockage des mots de passe utilisateurs. Entre 2018 et 2023, les amendes totalisent déjà plus de 2,5 milliards d’euros, et une infraction au règlement sur les marchés numériques (DMA) pourrait bientôt valoir à Meta une sanction de 12 milliards d’euros supplémentaires.
En multipliant les ajustements et concessions, Meta espère calmer les régulateurs européens et éviter d’éventuelles sanctions supplémentaires. Mais pour l’UE, il s’agit avant tout de garantir la protection des données personnelles des utilisateurs et de mettre fin aux pratiques intrusives de la plateforme.