Lundi, Michel Barnier a franchi un point de non-retour en dégainant l’article 49.3 pour imposer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Un geste radical qui révèle la faiblesse d’un gouvernement à bout de souffle, enlisé dans ses propres contradictions. Mais cette fois, le Premier ministre pourrait bien avoir joué sa dernière carte, précipitant non seulement sa chute, mais aussi une crise politique majeure.
L’article 49.3 devait être l’exception. Sous Michel Barnier, il est devenu la règle. Ce levier constitutionnel, autrefois utilisé avec parcimonie, est aujourd’hui le dernier recours d’un exécutif incapable de rassembler une majorité. En l’absence de soutien suffisant au Palais-Bourbon, Michel Barnier a préféré gouverner par la force plutôt que de construire un consensus. Un aveu d’échec qui illustre l’incapacité chronique de ce gouvernement à faire de la politique autrement que par l’autoritarisme.
Ce recours systématique au 49.3 n’est pas seulement un affront à la représentation parlementaire, il est aussi un mépris flagrant pour les citoyens. Comment justifier qu’un projet aussi essentiel que celui de la Sécurité sociale soit imposé sans débat ? En agissant ainsi, Michel Barnier envoie un message clair. L’opinion publique et les représentants du peuple ne sont que des obstacles à contourner.
Mais le plus intéressant dans cette séquence est sans doute la proximité grandissante entre le gouvernement et le Rassemblement national. En coulisses, Michel Barnier n’a pas hésité à négocier avec l’extrême droite pour tenter de sécuriser son pouvoir. Une alliance qui jette, pour certains, une ombre sur l’avenir démocratique de la France.
Ces manœuvres ont de quoi hérisser même les plus fervents défenseurs de la Ve République. Car en cherchant à éviter une censure, Michel Barnier et son équipe ont ouvert une boîte de Pandore. Le RN, plus que jamais légitimé, se frotte les mains en observant un gouvernement s’affaiblir de jour en jour.
Matignon en sursis
La presse étrangère ne s’y trompe pas. El País parle déjà de « déménagement imminent » à Matignon. The Guardian et le New York Times anticipent une chute inévitable. Pourtant, cette issue n’a rien de surprenant. Michel Barnier n’a jamais su incarner l’autorité ni l’audace réformatrice que nécessite sa fonction. Depuis sa nomination, il navigue à vue, subissant plus qu’il ne décide.
Le Premier ministre s’est enfermé dans une logique de survie, accumulant les décisions impopulaires et les compromissions. Son gouvernement, désormais isolé, ne tient plus qu’à un fil. Les motions de censure prévues ce mercredi pourraient bien couper ce dernier lien avec le pouvoir.
Un effondrement inévitable ?
Si Michel Barnier est censuré, la France plongera dans une crise politique d’une ampleur inédite. Mais peut-être est-ce un mal nécessaire. Le système actuel, verrouillé par des institutions conçues pour des majorités solides, n’est plus adapté à une époque de fragmentation politique. La chute de Michel Barnier pourrait être le déclencheur d’une refonte profonde de notre démocratie.
Ce mercredi, Matignon pourrait changer d’occupant. Mais au-delà des figures, c’est tout un système qui vacille. Et si l’effondrement de ce gouvernement marque la fin d’une ère, il pourrait aussi ouvrir la voie à un renouveau politique dont on se passerait bien.