Le musée Zadkine, écrin paisible niché dans le 6e arrondissement de Paris, célèbre une amitié artistique rare et fascinante à travers l’exposition Modigliani/Zadkine, une amitié interrompue, visible jusqu’au 30 mars 2025. Avec près de 90 œuvres exposées – peintures, sculptures, et photographies – cette plongée au cœur des années 1910-1920 explore la complicité entre deux géants de l’avant-garde : Amedeo Modigliani et Ossip Zadkine.
Dans l’ancien atelier de Zadkine, au 100 bis de la rue d’Assas, l’exposition invite les visiteurs à redécouvrir le Montparnasse bouillonnant du début du XXe siècle, ce creuset de créativité où les trajectoires de Modigliani, peintre et sculpteur italien, et de Zadkine, sculpteur d’origine russe, se sont croisées. Malgré la brièveté de leur amitié, interrompue par la mort tragique de Modigliani en 1920 à seulement 35 ans, leur relation a marqué leur œuvre respective.
Au fil de cinq salles baignées de lumière naturelle, la scénographie de Joris Lipsch (Studio Matters) met en valeur l’échange artistique entre les deux hommes. Les sculptures stylisées de Zadkine, imprégnées des influences de l’art égyptien, grec et africain, répondent aux portraits expressifs de Modigliani, dont les têtes allongées et les orbites vides évoquent une quête d’absolu.
L’exposition débute avec un face-à-face saisissant. Une tête féminine taillée dans une pierre brute par Modigliani, et la Tête héroïque de Zadkine, majestueuse et pleine de symbolisme. Ce dialogue visuel se poursuit à travers des œuvres emblématiques comme La Femme au ruban de velours de Modigliani, où la simplification des formes témoigne de son passage à la sculpture. De son côté, Zadkine rend hommage à son ami italien avec sa Tête de femme de 1924, aux traits fins et mystérieux.
L’exposition ne se contente pas d’évoquer les influences croisées des deux artistes. Elle aborde également l’épineuse question des contrefaçons, un sujet récurrent dans l’œuvre de Modigliani, souvent copié mais rarement égalé. Ainsi, un tableau présenté dans la salle 3, La Femme Brune, intrigue par sa perfection technique… avant que l’on apprenne qu’il s’agit d’un « faux regardable ». Ce jeu de piste, orchestré par le commissaire Thierry Dufrêne, interpelle sur la fragilité de l’authenticité dans l’art.
Le clou de l’exposition se trouve dans l’atelier d’Ossip Zadkine, aménagé comme un « temple à l’humanité ». Trois têtes sculptées par Zadkine entre 1918 et 1919 occupent une place centrale, leur disposition rappelant les caryatides de Modigliani. L’écho entre leurs œuvres souligne l’empreinte durable de leur amitié, malgré les chemins divergents qu’ils ont empruntés.
« Modigliani/Zadkine, une amitié interrompue » jusqu’au 30 mars 2025 au musée Zadkine 100 bis rue d’Assas, Paris (VIe). Plus d’informations ici