Un établissement muséal à la gloire du grand chanteur d’opéra a été inauguré le 19 juillet au Palais royal de la ville italienne où il a vu le jour en 1873.
Un siècle et demi après sa naissance, le ténor italien et légende de l’opéra Enrico Caruso est enfin célébré par sa ville natale de Naples, qui lui consacre un nouveau musée.
Bien avant Luciano Pavarotti, c’est Caruso qui a représenté l’opéra italien dans le vaste monde, ouvrant le chemin de la musique accessible au plus grand nombre grâce à ses enregistrements prolifiques au moment de l’essor du gramophone.
Né en 1873, le ténor et sa carrière internationale ont désormais l’honneur d’un petit musée situé dans le Palais royal de Naples, inauguré le 19 juillet. « C’est le plus grand ténor que le monde ait connu », assure la conservatrice Laura Valente. « Car au-delà de son grand talent et de sa voix extraordinaire, il a inventé une nouvelle façon de chanter et de s’exprimer sur scène, en ce sens comme Maria Callas », explique-t-elle.
Au cours de sa vie, Caruso a donné près de deux mille concerts et réalisé près de 250 enregistrements, faisant de lui une star médiatique reconnue dans le monde entier. Ses tournées l’ont mené de Saint-Pétersbourg à Mexico, de Buenos Aires à New York. « C’était un ténor du nouveau siècle. Il avait surtout compris que cette technologie [l’enregistrement audio] n’affaiblirait pas sa voix, mais qu’elle la ferait connaître au monde entier. Et c’est là son innovation », détaille Laura Valente.
Le fonds multimédia du « Museo Caruso », qui comprend des enregistrements anciens, des films, des affiches et des photographies, exalte le talent et le sens du marketing du chanteur, dont la voix a été décrite comme « magique », oscillant entre celle d’un ténor et celle d’un baryton.
Admiré par les grands de ce monde
« Si ce Napolitain continue à chanter ainsi, il fera parler de lui dans le monde entier », avait prédit le chef d’orchestre Arturo Toscanini à propos du jeune Caruso après l’une des premières représentations du ténor à la Scala de Milan. Il avait raison. Après une interprétation triomphale de L’Elixir d’amour en février 1901 à la Scala – qui lui valut deux rappels – Caruso commença à faire le tour du monde, attirant des foules dans le monde entier.
Admiré par les rois et aimé par le peuple, Caruso est le premier chanteur à avoir vendu un million de disques. Près de la moitié de ses représentations a eu lieu au Metropolitan Opera de New York, où il a chanté pendant 18 saisons consécutives à partir de 1903. Caruso représente une « image positive de Naples dans le monde », a déclaré le ministre de la culture, Gennaro Sangiuliano, qui a assisté à l’inauguration du musée.
En puisant dans les archives des opéras du monde entier, de la Bibliothèque du Congrès et d’autres institutions, le musée présente une petite sélection des costumes du chanteur, y compris celui de son rôle le plus célèbre, Canio le clown dans Pagliacci. Sont également présentés des extraits d’un film muet que Caruso a réalisé, son vieux gramophone et même des aquarelles qu’il a peintes au bord de la mer.
Malgré son succès mondial, Caruso entretenait une relation douce-amère avec sa ville natale. Un accueil froid et une mauvaise critique à la suite d’une représentation au Teatro San Carlo en 1901 ont poussé le jeune chanteur à jurer de ne plus jamais chanter à Naples. Il y est mort en 1921, à l’âge de 48 ans.