Des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France dimanche à Niamey, en soutien aux militaires putschistes ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum.
Pour certains au Niger, la France n’est plus la bienvenue. Ce dimanche, les Nigériens étaient appelés à manifester devant l’ambassade de France – qui a été dégradée – en soutien au coup d’État militaire ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum et placé au pouvoir Abdourahamane Tiani. À l’origine de cette marche, le mouvement civil antifrançais M 62, qui a lancé cet appel à manifester en dépit de l’interdiction de rassemblement.
L’organisation entend « mettre en garde la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et la France contre toute intervention militaire au Niger » et « exiger le départ immédiat des troupes françaises et celui de l’ambassadeur de France ».
« L’armée a fait son putsch, mais en parallèle, le coup d’État s’organise avec une spirale de groupuscules de la société civile chapeautés par l’armée », explique au Parisien Gilles-Claude Mbong Etoundi, journaliste à la télévision publique camerounaise. Ces groupes, regroupés sous la bannière du mouvement M 62, « donnent du crédit au coup d’État », poursuit-il.
Mouvement opposé à Barkhane
Le mouvement a été créé en août 2022, rapporte le média DW. 15 organisations de la société civile s’étaient coalisées contre l’opération Barkhane, menée au Sahel et au Sahara par l’armée française contre les groupes armés jihadistes. Le mouvement appelait alors notamment à la mobilisation et à des prières collectives contre la présence des militaires français dans la région.
S’il revendique une autonomie vis-à-vis de la présence française au Niger, M 62 « n’a pas forcément de coloration prorusse », selon Gilles-Claude Mbong Etoundi, du moins pas officiellement, bien que les drapeaux et pancartes à l’honneur de Moscou florissaient ce dimanche parmi la foule, qui scandait notamment « Russie, Russie, Russie ! »
Ce dimanche à Niamey, des manifestants ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger », avant de la piétiner sur le goudron et de la remplacer par des drapeaux russes et nigériens. « Vive Poutine », « vive la Russie », « à bas la France », ont également crié des manifestants.
Abdoulaye Seydou dans le viseur de la justice
En janvier dernier, le coordinateur du mouvement M 62 Abdoulaye Seydou a été placé en détention préventive pour « complicité d’incendie volontaire » sur un site d’orpaillage, en lien avec une attaque terroriste qui a eu lieu en octobre 2022. Une décision qui avait suscité la protestation de ses soutiens. « Il est allé faire son travail d’acteur de la société civile de défenseur des droits humains », défendait Abdoulaye Seydou, secrétaire général de l’association Alternative Espaces Citoyens, auprès de RFI.
Le leader du mouvement anti français a également été condamné, le 14 avril dernier, à neuf mois de prison ferme pour « diffusion de données de nature à troubler l’ordre public ». À la suite du coup d’État militaire et de la prise de pouvoir du général Tiani, le mouvement M 62 a exigé, entre autres, la libération du militant, rapporte TF1.