Ozempic/Wegovy, Mounjaro etc., la demande mondiale explose pour les coupe-faim issus de la famille des antidiabétiques GLP-1. Toutefois, une étude épidémiologique canadienne a mis en évidence une série d’effets secondaires.
Vouloir perdre du poids grâce à la nouvelle génération de traitements contre l’obésité n’est pas sans risque, loin de là. Alors que la demande mondiale explose pour ces produits, la recherche médicale commence à étudier de plus près leurs effets secondaires. Il ressort d’une étude canadienne qu’ils sont plus importants que ceux de médicaments plus classiques pour la perte de poids.
Les nouveaux traitements proposés aux obèses (et actuellement détournés par des non obèses) dérivent d’une famille d’antidiabétiques mimant l’action d’hormones intestinales régulant la glycémie et la satiété : les incrétines. L’antidiabétique Ozempic du laboratoire danois Novo Nordisk et son petit frère ciblant l’obésité, le Wegovy (c’est la même molécule, le semaglutide), miment tous les deux l’action d’une incrétine, l’hormone GLP-1. Tout comme un autre traitement de l’obésité de Novo Nordisk, le Saxenda (avec une molécule différente, le liraglutide).
Ce n’est que le début, ces incrétinomimétiques se sophistiquent rapidement. Le tout nouveau Mounjaro de l’américain Lilly , lancé en 2022 comme antidiabétique et qui espère son indication pour la perte de poids fin 2023 aux Etats-Unis, mime l’action de deux incrétines à la fois (les hormones GLP-1 et GIP). Des produits en développement miment même trois incrétines. La science n’a pas fini de scruter leurs effets secondaires.
Etude en vie réelle
Dans l’immédiat, une étude épidémiologique publiée début octobre dans la revue scientifique « Jama » par des chercheurs de l’université de Colombie-Britannique (Canada) s’est penchée sur les traitements GLP-1 existants, donc le Saxenda et le Wegovy. Leurs essais cliniques avaient déjà montré des cas de problèmes gastro intestinaux, notamment de nausées et de constipation, mais l’étude a l’intérêt, souligne ses auteurs, de se situer dans la vie réelle, sans sélection des patients selon leur profil médical contrairement aux essais des laboratoires.
L’étude a utilisé des bases de données américaines de prescriptions de IQVIA (16 millions de patients de 2006 à 2020). Elle en a extrait des traitements de perte du poids récents, prescrits à des patients obèses et non diabétiques, en comparant les effets secondaires des GLP-1 à ceux d’un traitement de l’obésité classique, le bupropion-naltrexone.
Premier constat : tous peuvent causer des problèmes biliaires. On recense environ 12 maladies biliaires pour 1.000 traitements annuels, sauf le Saxenda qui monte à 18,6 cas. Mais d’autres types d’effets secondaires sont plus fréquents avec les coupe-faim GLP-1. A commencer par les inflammations du pancréas (pancréatites). Comparé au bupropion-naltrexone (654 patients) qui n’enregistre qu’un cas de pancréatite pour 1.000 traitements annuels, l’Ozempic/Wegovy (613 patients) en compte 4,6 cas et le Saxenda (4.144 patients étudiés) 7,9 cas. Le Saxenda enregistre aussi des cas d’occlusions intestinales.
Gastroparésies
Enfin, les GLP-1 causent davantage de gastroparésies. Dans un système digestif normal, des contractions musculaires font passer les aliments dans l’appareil digestif. La gastroparésie est un dysfonctionnement des muscles de l’estomac, qui ne se vide plus correctement. Cela peut se traduire par des nausées, des vomissements, des brûlures d’estomac ou un reflux gastrique. Ou une sensation de satiété précoce pouvant mener à l’hypoglycémie. L’incidence des gastroparésies est de 3/1.000 avec le bupropion-naltrexone, est deux fois supérieure avec le Saxenda (7,3/1.000) et trois fois supérieure (9,1/1.000) avec l’Ozempic/Wegovy.
Les effets secondaires restent tout de même limités au regard des bénéfices pour les obèses, et peuvent être neutralisés par des médicaments et un changement d’hygiène de vie. Mais à condition que le traitement soit pris dans un cadre médical. Ce qui n’est pas le cas pour les non obèses détournant de leur usage l’Ozempic ou le Wegovy via des ordonnances de complaisance ou falsifiées.