Aujourd’hui, la quasi-totalité des pharmacies françaises baisseront le rideau en réponse à l’appel des deux principales fédérations du réseau, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des pharmaciens d’officines (FSPF). La profession dénonce avec force les pénuries de médicaments et les revalorisations jugées insuffisantes.
La grève a été annoncée depuis plusieurs semaines, et ce jeudi, elle s’annonce massive. À Montrouge, par exemple, sur les 11 pharmacies de la commune, 10 seront fermées, selon Pierre, un pharmacien local. Seules les pharmacies réquisitionnées et quelques rares officines, notamment dans les centres commerciaux, resteront ouvertes.
Cette mobilisation d’ampleur n’avait pas été vue depuis 2014. Les pharmaciens, soutenus par leurs fédérations, dénoncent un système en crise :
C’est l’enfer. On perd une dizaine d’heures par semaine à trouver un fabricant ou un grossiste pour deux boîtes d’antibiotiques pour enfants
raconte Arnaud, un jeune pharmacien des Yvelines.
Les pénuries généralisées de médicaments, qui touchent près de 5.000 références, impactent directement l’activité quotidienne des pharmacies et leur chiffre d’affaires. Les pharmaciens s’inquiètent également de la possible vente de médicaments sur ordonnance via des plateformes en ligne, une perspective évoquée par Gabriel Attal :
Il faut y voir une manœuvre des lobbys de la grande distribution. Mais ce ne sont pas les plateformes qui vont prodiguer des conseils de posologie
souligne Emilie.
En parallèle, les négociations avec l’Assurance maladie se poursuivent. Les fédérations professionnelles réclament des ajustements de l’honoraire de dispensation, fixé à 1,02 euro par boîte de médicaments, un tarif jugé obsolète et insuffisant.
Les pharmaciens soulignent également l’insuffisance des rémunérations pour les missions complémentaires telles que la vaccination ou les entretiens pharmaceutiques.
Face à l’inflation et à la hausse des charges, la situation financière des pharmacies est précaire. En 2023, plus de 300 pharmacies ont fermé leurs portes.
Je suis en centre urbain, dans un lieu de passage, c’est ça qui me sauve. J’aurais la même surface dans un petit village de 300 habitants, je ne serai probablement plus là
confie Baptiste.