Coup de théâtre dans la grande saga de l’écologie à la française. Le plastique fait son come-back triomphal dans les rayons. L’interdiction des emballages plastiques pour les fruits et légumes ? Jetée aux oubliettes par le Conseil d’État, avec une excuse aussi brillante qu’attendue : “vice de procédure” et “harmonisation européenne absente”. Parce que, bien sûr, si l’environnement pouvait attendre 2030, il l’aurait dit.
C’est à se demander si l’écologie en France ne serait pas un gigantesque numéro d’illusionnisme ? Pendant des mois, on nous a vendu des sachets en papier, de la cellulose, des emballages biodégradables, le tout sur fond de campagnes publicitaires dégoulinantes de bons sentiments. Les producteurs, à l’image de Pascal Dupré, ont joué le jeu, investissant des sommes astronomiques pour se conformer aux nouvelles règles. 500 000 euros partis en fumée. Mais qu’est-ce qu’un demi-million quand on peut contribuer à sauver la planète… jusqu’à ce qu’on vous annonce que tout ça n’a servi à rien ?
“Scandaleux”, s’insurge Pascal Dupré. Et il n’a pas tort. Mais que dire des consommateurs qui, depuis juillet dernier, portaient fièrement leur petite barquette de fruits non plastifiée ? Retour au point de départ, sous l’œil amusé des industriels du plastique qui n’ont jamais vraiment rangé leurs presses.
Le Conseil d’État a tranché. Le décret est annulé, pas parce que le plastique c’est fantastique, mais parce que la procédure était bancale. La France, dans sa précipitation à vouloir “faire mieux que l’Europe”, s’est tiré une balle dans le pied. Pas grave, se disent sûrement les juristes, on recommencera… Mais pas avant que Bruxelles nous donne son feu vert. Rendez-vous dans six ans.
En attendant, le Conseil nous explique qu’il faut une « harmonisation européenne ». C’est vrai que c’est rassurant, cette idée que tout le monde avance au même rythme, même si ce rythme ressemble plus à une marche arrière à cloche-pied.
Les industriels du plastique trinquent… au champagne
Dans cette histoire, les seuls qui ne pleurent pas, ce sont les fabricants de plastique. Pourquoi se presser de trouver des alternatives quand l’État ne tient pas plus d’un été sur ses propres engagements ? Pour eux, c’est business as usual.
Et les grandes enseignes, comme Carrefour, qui avaient innové avec des emballages durables, sont les dindons de la farce. Peut-être qu’à force de jongler entre développement durable et logique de profit, elles comprendront que, dans ce jeu, c’est toujours la bureaucratie qui gagne.
Un signal désastreux
Manon Richert, de Zero Waste France, parle d’un « très mauvais signal ». Mauvais, oui, mais surtout hilarant, si ce n’était pas aussi dramatique. En fait, ce signal, c’est un immense panneau lumineux : “Circulez, il n’y a rien à voir, l’écologie attendra”. Pendant ce temps, les consommateurs, pris dans ce cirque, payent pour des décisions qui changent au gré du vent (ou des procédures).
À quand un vrai leadership ?
Le vrai problème dans cette affaire, c’est qu’on est face à un pays qui veut jouer les premiers de la classe en écologie, mais qui se prend les pieds dans le tapis dès la première interro. Si la France veut vraiment montrer la voie, il va falloir faire plus que des décrets mal ficelés et des demi-mesures qui s’effondrent au premier coup de vent juridique.
En attendant, rassurez-vous, le plastique est là pour rester. Au moins jusqu’à la prochaine annonce tonitruante d’une interdiction… qui, espérons-le, tiendra plus de trois mois cette fois-ci.