Dans l’univers sans frontières du streaming musical, où des millions de propositions sont accessibles en quelques clics, se cache parfois l’ombre de contenus problématiques : playlists douteuses, podcasts complotistes, et autres sources de désinformation. Si la musique adoucit les mœurs, elle ne semble pas toujours échapper aux écueils de la haine et de la confusion.
Le mois dernier, une enquête menée par le média suisse RTS a révélé l’existence de playlists néo-nazies sur Spotify, jetant un froid sur la question de la modération sur ces plateformes. Bien que Spotify ait affirmé avoir agi rapidement en supprimant ou suspendant bon nombre de ces playlists, certains demeurent accessibles, dissimulés derrière des titres équivoques.
Face à cette problématique, les géants du streaming musical, à l’instar de Spotify et Deezer, se retrouvent confrontés à un défi de taille : comment modérer efficacement des contenus générés à la fois par des professionnels et des utilisateurs amateurs, tout en préservant la liberté d’expression ?
Spotify, qui compte près de 600 millions d’utilisateurs réguliers, défend une politique de modération reposant sur son règlement, prohibant les contenus haineux, violents ou incitant à l’illégalité. Deezer, de son côté, affirme son engagement contre la désinformation tout en préservant la diversité des opinions.
Pourtant, la tâche est loin d’être simple. La nature même du fonctionnement des plateformes de streaming musical, où une partie des contenus est hébergée et une autre générée par les utilisateurs, rend la modération ardue. Malgré l’utilisation d’outils automatisés et de signalements d’utilisateurs, les contenus contestables parviennent parfois à se faufiler entre les mailles du filet.
Mais le problème ne s’arrête pas aux playlists. Les podcasts, nouvel eldorado pour les personnalités controversées et les théoriciens du complot, deviennent des terrains propices à la propagation de fausses informations et de théories dangereuses, notamment dans le domaine de la santé alternative.
Des figures telles qu’Irène Grosjean, naturopathe antivaccins, trouvent sur ces plateformes un écho de leurs propos parfois dangereux, voire criminels. Le risque d’embrigadement dans ces contenus est d’autant plus préoccupant que le taux de fidélisation des auditeurs sur ces plateformes est élevé.
Face à cette réalité, la modération sur les plateformes de streaming musical apparaît comme un défi constant, exigeant un équilibre délicat entre la liberté d’expression et la lutte contre la désinformation et la haine en ligne. Si la musique peut être un vecteur d’émotions positives, elle ne doit pas pour autant servir de véhicule à des idées toxiques.