En France, où plus de 150 stations ont déjà fermé leurs portes, 93% des stations des Alpes et 98% de celles dans les Pyrénées sont en péril avec un réchauffement climatique de +3°C causé par les activités humaines.
Les sports d’hiver menacés. D’après une nouvelle étude publiée dans Nature Climate Change, lundi 28 août, la quasi-totalité des stations de ski européennes est hautement menacée par la raréfaction de la neige due au réchauffement climatique.
Dans leur article, des scientifiques, travaillant notamment pour Météo-France et l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement constatent qu’avec un niveau de réchauffement mondial à +3°C par rapport à l’ère préindustrielle, trajectoire que les politiques actuelles dessinent à l’horizon 2100, 91% des stations ont un « risque très élevé » de manquer de neige et sont ainsi mises en péril. « Le changement climatique futur va dégrader les conditions d’enneigement des stations de ski dans toutes les régions montagneuses d’Europe, comparé aux dernières décennies », met en avant Samuel Morin, chercheur à Météo-France et au CNRS, et coauteur de l’étude.
Il précise que le niveau de risque très élevé « est atteint quand une année sur deux, en moyenne, l’enneigement d’une station de sports d’hiver est aussi défavorable que ce qu’il était en moyenne une année sur cinq pendant la période de référence 1961-1990, âge d’or du développement des stations ». « Ça ne veut pas dire que le tourisme du ski va s’arrêter d’un coup en Europe, mais que toutes les stations vont faire face, de manière croissante, à des conditions de plus en plus difficiles, certaines atteignant, d’ici à quelques décennies, des niveaux d’enneigement trop insuffisants pour fonctionner comme aujourd’hui », complète-t-il.
Un risque contenu en réduisant les émissions de CO2
Le constat inquiète, alors que le ski « est un composant important de l’économie des régions montagneuses », souligne l’étude. L’Europe constitue le plus gros marché du ski au monde avec ses 2 234 stations. En France, 120 000 emplois dépendent de la pratique des sports d’hiver en montagne, selon le gouvernement.
Pour compenser ce manque, s’appuyer sur l’enneigement artificiel ne résoudrait pas entièrement le problème, puisque 57% des stations seraient toujours hautement menacées. L’étude détaille également ces niveaux de risque aux échelles plus locales. En France, où plus de 150 stations ont déjà fermé leurs portes, 93% des stations des Alpes et 98% de celles dans les Pyrénées sont en péril avec un réchauffement climatique de +3°C.
En revanche, « une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre baisserait à la fois le risque de faible enneigement pour le tourisme du ski et le recours à la production de neige – et ainsi la demande en eau, en électricité et les émissions que la production de neige requiert », souligne Samuel Morin. Si le réchauffement climatique était maintenu en dessous de +1,5°C, seulement 4% des stations situées dans les Alpes françaises seraient ainsi menacées d’un manque critique d’enneigement, et ce, sans production de neige artificielle.