Des données récoltées par le quotidien britannique The Guardian montre que presque tous les Européens respirent un air pollué qui dépasse les recommandations de l’organisation mondiale de la santé.
Une grave crise de santé publique qui empire d’année en année ». C’est avec ses mots que le quotidien britannique The Guardian a commenté une série de données fournies par des chercheurs. Roel Vermeulen, professeur d’épidémiologie environnementale à l’université d’Utrecht a coordonné une équipe dispersée en Europe pour produire une carte interactive des airs les plus pollués d’Europe.
Le résultat est sans appel. L’analyse des données récoltées (en suivant une méthodologie exploitant une imagerie satellite et des relevés dans plus de 1 400 stations de mesure) montre que 98 % de la population européenne vit dans des zones où le niveau de pollution aux particules fines est très dangereux, et supérieur aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Chaque année, en Europe, la pollution de l’air est responsable du décès de 1 200 enfants et adolescents. L’Agence européenne pour l’Environnement (AEE), a publié lundi 24 avril un nouveau rapport, axé spécifiquement sur la santé des individus de moins de 18 ans, dans les 32 pays membres de l’agence.
Un écart important entre les régions européennes
L’analyse se concentre notamment sur les particules PM2.5, ces particules fines présentes en suspension dans l’air, produites par la combustion des énergies fossiles et qui ont la capacité de pénétrer dans l’appareil respiratoire et de passer dans le sang pour, atteindre n’importe quel organe. Elles sont principalement à l’origine de maladies cardiaques et pulmonaires, de diabète et de cancers. Les experts affirment également que cette pollution est à l’origine d’environ 400 000 décès par an sur le continent.
La carte interactive du journal montre un écart important entre les différentes régions européennes. L’Europe de l’Est connaît une pollution aux particules fines bien plus importante que la partie occidentale du continent. De même, les parties les plus polluées du continent par ces particules fines figurent aussi parmi les plus pauvres.
« Nous avons besoin d’une action urgente, maintenant. Et nous savons ce qu’il faut faire. La vraie question est : qu’est-ce qui nous en empêche ? », s’est interrogé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme
De manière générale, près de 30 millions d’Européens vivent dans des zones où les concentrations de particules fines sont au moins quatre fois supérieures aux normes. Les données révèlent qu’en Allemagne, 75 % de la population vit avec un air dont la pollution excède plus de deux fois les recommandations de l’OMS. En Espagne, ce chiffre est de 49 % et en France de 37 %. À l’opposé, certaines régions de l’Écosse comptent parmi les rares régions d’Europe à se situer en dessous de ces recommandations.